Le seul disque de jazz en ma possession, et il s'avère une expérience musicale peu commune, du moins en ce qui me concerne.
L'impression déjà que tous mes repères musicaux ne me seront d'aucune utilité pour l'appréhender, qu'il va me falloir très vite me laisser aller, ce que je fis d'emblée, instinctivement.
Chaque instrument est un guide, traçant un chemin, un sillon, un appui, pour celui de Coltrane, qui tel un phare, quand il déboule, éclaire de sa lumière l'ensemble du tracé, le rendant évident, praticable, aisément identifiable, puis quand de nouveau il se tait, laissant le piano comme bande blanche, la batterie comme bordure et la contrebasse comme asphalte, on roule toujours, agréablement, phare éteint mais en toute confiance, on a lâché le volant, parce que la lumière va revenir, elle déboulera sans coup férir, et nous emmènera à bon port, celui du plaisir, dans ce voyage acoustique si particulier, que l'on ne s'y adonne que lorsque tout est réuni pour l'apprécier, ce rare moment où le lâcher prise est de mise, s'impose et nous appelle, pour ces quelques minutes privilégiées, où le voyage est plus important que la destination.