À l'image de la fugue musicale, le Petit Traité sur l'immensité du monde est empli d'idées, et de thèmes récurrents attrapés ça et là dans le monde et dans la littérature ; seulement utilisés et répétés dans des contextes différents de l'original, leurs fournissant ainsi une nouvelle signification.
Ces thèmes, et les citations qu'y raccroche Sylvain Tesson m'ont exaspérée, l'emploi qu'en fait l'auteur étant si distant de leur sens d'origine. J'admets ne pas avoir été capable de terminer cette sorte d'essai horripilant par son pédantisme et son ignorance. Il est bien beau de citer Shakespeare, Hamlet "rêver, peut-être" tout en le rattachant au rêve qu'engendre la randonnée, le voyage pédestre, seulement on ne peut omettre qu'en réalité, cette citation prise au célèbre monologue concerne le suicide et les affres de la mort. Aucun lien, donc. Et ne n'est qu'un unique exemple possible pris dans une multitude de citations incomprises et salies, selon moi.
Sylvain Tesson se complaît également à énumérer ses nombreux voyages sans liens apparents entre eux, à les effleurer en surface, juste pour nous rappeler incessamment à quel point il a voyagé et à quel point il mène une vraie vie lui, vrai nomade (pas un cultivateur des temps modernes ignorant non!).
Voilà à quoi on s'expose en abordant cet ouvrage, à des associations malmenées parfois antithétiques frôlant le ridicule, à des citations absolument incomprises par l'auteur, fournissant au pauvre lecteur des envies de strangulation irrépressibles, alors soumis à cette bouillie se voulant intellectuelle, infâme gruau d'idées se voulant novatrices et ancestrales à la fois, crachant sur tout ce qui lui est accessible.
Les 2 points que j'attribue à ce traité sont dus au fait que je n'ai pu finir le livre que je ne peux qualifier d'oeuvre et qu'il y a certaines notions intéressantes qui pourraient se creuser ; la répulsion engendrées par la superficialité du texte m'empêchant de les apprécier comme elles pourraient l'être.
Pour finir, on ne pend pas Saint-Augustin dans un arbre du haut duquel on admire le paysage. À force de se dresser contre tout M. Sylvain Tesson fait montre d'un pédantisme absolu et s'isole dans une auto-satisfaction risible.
Enthousiasmée tout d'abord par le titre et par le concept, l'auteur a su me rendre hermétique à son ouvrage tout entier en quelques lignes, chapeau bas.