Petite sœur, mon amour par AgatheHo

Ce roman est une critique au vitriol de l'Amérique moderne, dans ce qu'elle comporte d'individus les plus caricaturaux et les plus assoiffés de reconnaissance.
La renommée, la popularité, c'est que que Joyce Carol Oates identifie ici comme maux rongeant la population américaine issue des classes moyennes à supérieures. Des maux qui conduisent inévitablement aux pires atrocités.
Nombreux sont dès lors les potentiels coupables du meurtre de la petite patineuse prodige Bliss, 6 ans : le père rêvant d'ascension professionnelle et délaissant sa famille pour l'appât du gain, la mère se mirant dans la réussite de sa fille qui la renvoie à son propre échec et se projetant sur la scène sociale de son quartier huppé, le fils en marge des ambitions familiales et gravement névrosé. Au final, on devine l'issue, on la redoute, pour mieux l'apprécier dans toute son atrocité.
Mi-thriller mi-roman de société, ce livre est puissant de par l'immersion complète et fine qu'il offre dans la psychologie des personnages. Le narrateur, Skyler, le jeune frère de Bliss, psychologiquement "peu fiable", nous amène à réinterroger sans cesse les faits qui nous sont présentés, et le roman plonge ainsi le lecteur dans une atmosphère de doute délicieuse.
C'est une donc une immersion réussie dans l'esprit vicié d'une famille américaine lambda qui a peu à peu perdu pied avec des valeurs fondamentales.
Seul bémol : les notes de bas-de-page, qui n'apportent rien à la lecture et ne font qu'alourdir le récit, parfois déjà tortueux.