Plus de six mois que je n’avais plus retrouvé Balzac, dont je me suis promis de lire toute la Comédie humaine (il y a maintenant quelque chose comme un an et demi : on n’est pas rendus). J’attaque maintenant le 4e volume, sur 12, de la Pléiade, qui regroupe des œuvres relativement peu connues issues des Scènes de la vie de province.
Premier volet du triptyque des Célibataires, Pierrette est un court roman qui pourrait être un peu caricatural dans sa façon d’opposer son héroïne, une jeune orpheline qui incarne l’innocence pure, et ses deux tuteurs, les Rogron, un frère et une sœur dont l’avarice et la méchanceté n’ont presque rien à envier aux Thénardier des Misérables. Mais Balzac est tellement vache dans sa façon de décrire ce duo de retraités mesquins qui tentent de mettre le grappin sur la société de Provins (la belle affaire, qui rappelle le Besançon du roman Albert Savarus où se démenaient également des intrigants de peu d’envergure, dont les affaires feraient ricaner les grands ducs parisiens de la Comédie humaine) que les deux premiers tiers de Pierrette sont un vrai régal : c’est cinglant, acide, terriblement drôle.
La fin, au pessimisme un poil moralisateur (dans laquelle l’arrivée surprise de la grand-mère bretonne reste néanmoins un morceau exceptionnel), pèse un peu plus, mais Pierrette est tout de même le genre de petit roman méconnu qui donne tout son sel à ma traversée au long cours de l’œuvre de Balzac.