Sans grandiloquence, mais avec une grâce empreinte de chaleur, comme le vent tiède qui souffle sur la Toscane, et l’élégance qu’il sied d’avoir lorsque l’on parle des choses de l’art, l’auteure nous prend par la main pour nous mener jusqu’à Carrare. C’est là, qu’habité par une farouche détermination à ne choisir que les blocs de pierre les plus parfaits, les seuls dignes d’accueillir son œuvre, Michelangelo va passer quelques mois de sa vie.
Le sculpteur, arrogant et sûr de son art va se cogner aux choses simples qui rythment l’existence : la poussière qui colle au corps en sueur, la fatigue qui brise les chairs après une journée à la carrière, le goût du pain trempé dans le vin, le vent qui fait frissonner les oliviers, les pieds nus qui foulent le sable humide de la plage.
Délaissant peu à peu ses seuls amis – un livre de Pétrarque et la bible d’un jeune moine troublant - il se laissera lentement approcher par ses compagnons de travail, les carriers, puis par le fou du village qui se prend pour un cheval, par une jeune fille qui chante et par un petit garçon déluré qui aurait pu être lui, jusqu’à s’ouvrir et s’abandonner entièrement à ses propres émotions.
La pierre en se mettant soudainement à palpiter en expulsera toute froideur pour devenir la « Pietra viva » et sous la main du sculpteur, la matière prendra désormais la forme des êtres aimés.