Une page, c'est le temps qu'il m'a fallu pour être immergée dans le livre, sûrement une seule de plus pour être conquise.
Ce qui m'a interpellée et séduite, c'est bien le style d'écriture et la visite que " l'Enfant Chéri du Palais" nous offre. Il est rempli d'une poésie naïve, à laquelle j'accorde une affection très particulière. Piranèse m'a souvent fait sourire et rire, même après avoir compris son sort macabre. J'aime profondément ses affirmations pleines d'assurance : "Ce mot n'a pas de référence. Il n'existe rien au monde qui corresponde à cette combinaison de sons". "Retournez dans vos salles, 16, et réfléchissez à votre méchanceté". Je regrette a présent de ne pas l'avoir lu en VO pour en comprendre toute la poésie.
Concernant l'histoire, le lecteur comprendra bien plus vite que le protagoniste, piégé dans son innocence, les incohérences de son existence. Ici, c'est le cheminement de pensée du protagoniste qui paraît crucial : dédain, incompréhension, déni, mais jamais réellement d'acceptation. Ce n'est pas sa réalité. Ses réactions m'ont toujours paru légitimes et sensées dans sa logique, qui par ailleurs n'a jamais été ébranlée par sa naïveté.
L'histoire et l'intrigue policière ne sont, de mon point de vue, que très accessoires. mais pas inintéressantes. Elles ne gâchent cependant rien à l'ambiance. Il en est de même pour les mystères qui sembleraient entourer le dénouement de l'histoire (en est-il ?).
La principale critique que j'aurais à faire à ce livre, c'est de ne pas nous avoir fait visiter le Palais assez longtemps. J'aurais bien accompagné Piranèse quelque cent pages supplémentaires, qu'il nous décrive ses statues et l'architecture de ses salles, sa compréhension de l'astronomie, qu'il nous partage d'autres entrées de ses Journaux...
Malgré cela, j'ai passé un moment fort agréable et j'espère que de nombreux autres auront ce plaisir.