Avez-vous déjà vu un manchot affamé face à un bocal de cornichon ? Si oui, vous aurez une petite idée de mon expression à la fin de ce bouquin. Bon, je commence à être habitué au monde tel que le conçoit Houellebecq, à sa vision de l'existence qui irait même jusqu'à plomber l'ambiance à l'enterrement d'un dictateur. Sauf que là, Mich-Mich commence un brin à me casser les roustons.
Pourtant c'était bien partit, le bonhomme ayant le mérite de rendre accessible n'importe quel univers et surtout, d'éviter toute forme d'hypocrisie envers un sujet controversé et propice à la dénonciation en grande pompe. L'auteur se permet même de dépeindre avec une certaine efficacité de purs moments hédonistes jamais vulgaires et presque touchants.
Sauf que voilà, ce bon vieux Michel ne peut décemment pas s'empêcher de tout foutre en l'air, massacrant au fusil-mitrailleur toute idée de bonheur, de bien-être, préférant plonger ses personnages dans une piscine de malheur avec autant de crédibilité que Stallone dans le rôle de la Fée Clochette.
Si "Plateforme" partait sur de bonnes bases, Houellebecq peine à maintenir l'intérêt, tournant méchamment en rond, incapable de proposer quelque chose de véritablement neuf, surtout que d'autres auteurs avant lui, comme Henry Miller ou Bret Easton Ellis, sont déjà passés par là et avec bien plus de pertinence.