Pleine Lune raconte une histoire se déroulant dans une forêt, par une nuit de pleine lune : les animaux sont réveillés un à un par un bruit. Quel est ce bruit qui a réveillé tous les habitants de la forêt ? Tous ces animaux sont surpris, sauf la famille ours.
Nous avons tous les habitants de la forêt dans un jeu d’ombre créé par l’utilisation exclusive du blanc et du noir, procédé qui rend les animaux du récit étonnamment vivants, même s’il leur confère un caractère plus symbolique que réaliste.
Il existe un grand (32,3 x 29,5 x 1,3 cm) et un petit (18 x 0,3 x 16,2 cm) format pour l’album Pleine Lune d’Antoine Guilloppé.
L’ouvrage du même auteur qui se rapproche le plus de Pleine Lune dans son code de couleurs, ainsi que dans son récit, est Plein Soleil qui suit ce même principe d’une page blanche et d’une page noire, ce qui produit un récit dynamique dans la mesure où une impression de temps qui s’écoule est donnée grâce à l’usage d’ombres et de formes qui changent de couleurs. Le découpage crée un effet de 3D et donne l’impression d’un spectacle d’ombres chinoises par un effet très réussi. Dans Pleine Lune nous suivons la lune pendant tout le récit. Dans Plein Soleil c’est le soleil qui est le fil conducteur de l’histoire.
Cet album jeunesse pour les plus de 3 ans est particulier puisqu’il propose des dessins en noir et blanc et non dans les tons colorés plus traditionnels dans les publications jeunesse ; ces dessins sont de plus découpés et pourraient ne pas sembler accessibles à de tout jeunes enfants. Ce style d’illustrations, de par son esthétique, pourrait nous paraître viser un public d’enfants plus âgés, voire même des adultes. Mais il permet de donner à l’enfant un premier aperçu de l’art avec le jeu des couleurs et de la découpe créant formes et silhouettes. On sort des sentiers battus pour que le lecteur puisse jouer avec son livre, développer sa créativité, objectif que met en valeur la quatrième de couverture du grand format, parlant du livre qui s’anime grâce à l’interaction entre le livre et le lecteur : il peut suivre la lune, voir derrière la découpe, observer et toucher le relief. Ainsi ce n’est plus juste une activité de lecture visuelle, mais aussi tactile, qui permet de dynamiser la lecture et de l’apprécier davantage. On peut apprécier les effets d’illusion comme sur la couverture du grand format où l’on a l’impression que le loup est véritablement ébloui par la Pleine Lune et qu’il va se jeter sur nous. Sur le petit format, l’illusion n’est pas aussi grande mais le résultat est tout de même intéressant grâce à l’usage, qui est d’ailleurs unique, du gris argenté. Le chemin de fer est bien exploité, dévoilant les réactions successives des animaux et l’enchaînement des différents moments qui se manifestent chronologiquement grâce aux diverses positions de la lune. Elles donnent la temporalité du récit et le fil conducteur du récit, tout comme le font les traces de pas des animaux nous amenant vers le dénouement final. Les doubles pages permettent d’apprécier les dessins en ombre chinoise surtout pour la première édition. La deuxième édition rend le livre plus accessible à de plus jeunes lecteurs, et permet de réduire son coût financier puisqu’il est quasiment 15€ moins cher ; pourtant elle continue à permettre d’apprécier le travail de l’auteur.