Ok minou. Maintiens ta respiration, genre pendant deux cent putains de pages. C’est parti pour le grand manège, les étoiles qui font vriller, l’étourdissement absolu, les couleurs queers à profusion, un gros magma sans presque pas de points, à l’instar de beaucoup de cul, de violence, de théologie à l'iconographie argentine aux références adaptées à chaque situation.
Si t’as pas mis ton maillot tu vas te retrouver à poil pour affronter la grande difficulté d'avoir le souffle coupé, dû à la profusion lexicale qui vient te perforer les poumons comme la musicalité des balles qui sifflent dans ce bidonville de Buenos Aires.
C’est cinglé. Puissant ET putain d’cinglé. Ça dépasse les textes sulfureux et torturés dans lesquels il est devenu si facile de se complaire. J’ai encore lu à l’envers ; j’ai découvert Gabriela Cabezòn Cámara en commençant par la fin, par son deuxième roman. Et encore, je dois cette découverte grâce à une suite logique de retrouvailles qui m’ont fait comprendre pourquoi j’étais devenu libraire.
Chic sans jamais l’être et pourtant on la saisit tellement cette grâce ; à travers Cleopatra qui veille sur l’enfant, pute trans devenue célèbre depuis qu’elle s’est faite violer par tout le commissariat et à la suite de quoi la Vierge Marie lui est apparue pour lui parler en espagnol et lui donner quelques croissants. Elle gère le bidonville. Depuis les flics ont courbé l’échine et la sanctifie également. Cleo éternue ses idées comme ces petits morceaux de C qui restent bloqués contre la cloison nasale et qui annoncent les futurs tickets pour quelques minutes de grande lucidité.
Mon. Dieu.
J’ai envie de me baigner dans ce récit, de m’en récurer la peau pour, d’en marteler mes os. Ce texte c’est ma zone d’inconfort préférée. La petite faiblesse qui me gagnera.
C’est ta prochaine roulette russe, t’en fais ce que tu veux.
Boum.