Mon texte préféré, paradoxal, de Henri Michaux.
Par
le 15 sept. 2015
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Un ami disait cette chose qui a presque l'air certaine : on ne reconnaît vraiment que ce qui exprime notre propre pensée, qui actionne des leviers que l'on porte déjà en nous. Il disait que ça s'applique aux livres, par l'entremise consanguine du langage.
D'après les savants de profession, ceux qui savent ce qu'ils cherchent et n'aiment rien tant que faire des bâtonnets de 500 sur des feuilles volantes, c'est aussi très vrai pour la religion et pour la politique. Une argumentation raisonnable ne peut pas ébranler une conviction. Et dans tous les domaines, tous, on voit le phénomène se répandre à tour de likes. C'est ce que l'on appelle l'attraction terrestre.
Pour poursuivre sur un mode scientifique, je dirais que 100g de Plume valent 1kg d'Homme sans qualités, lequel pourrait aussi bien être une Femme, une foule ou un électron, enfin quelque chose de sensible aux ondes, de micro-ondable.
La musique de Michaux n'est pas orchestrée comme celle de Musil et n'a pas du tout le même tempo, mais elle fait vibrer les mêmes cordes. Celle de Michaux est furtive, toute en frivolités plombantes, en saillies brulantes dans du beurre mou. Si vous vivez dans un frigo, les sensations sont dingues. Mais ce livre s'apprécie tout aussi bien dans l'humble chaleur des cabinets, dans un lieu d'intime oisiveté, ouvert à la poésie.
Je suis tellement faible (je l'étais surtout), que si je pouvais coïncider d'esprit avec qui que ce soit, je serais immédiatement subjugué et avalé par lui et entièrement sous sa dépendance ; mais j'y ai l’œil, attentif, acharné plutôt à être toujours exclusivement moi.
Grâce à cette discipline, j'ai maintenant des chances de plus en plus grandes de ne jamais coïncider avec quelqu'esprit que ce soit et de pouvoir circuler librement en ce monde.
Mieux ! M'étant à tel point fortifié, je lancerais bien un défi au plus puissant des hommes. Que me ferait sa volonté ? Je suis devenu si aigu et circonstancié, que, m'ayant en face de lui, il n'arriverait pas à me trouver.
Créée
le 4 mai 2018
Critique lue 729 fois
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Par
le 15 sept. 2015
2 j'aime
Merci @machinalaver ! :) Sublime d'un bout à l'autre, à lire et relire..!
Par
le 14 avr. 2013
1 j'aime
3
Il y a un stade où la poésie doit rester poésie.
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le 24 juil. 2011
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