L'ingénieur maritime Alvaro de Campos se manifeste comme poète avec l'Ode triomphale : "A la lumière douloureuse des grandes lampes électriques de l'usine, j'ai la fièvre et j'écris."
Il chante les usines, les machines, la vie agitée des villes, les foules citadines.
"Eh là, les rues ! Eh là, les places ! Eh là ! Ho ! La foule !
Tout ce qui passe, tout ce qui s'arrête aux devantures !
Commerçants, vagabonds, escrocs trop bien vêtus ;"
"La merveilleuse beauté des corruptions politiques,
Scandales délicieux de la finance et de la diplomatie,
Agressions politiques dans les rues"
"O marchandises inutiles que tout le monde veut acheter !
Salut, grands magasins aux multiples rayons ! (...)
Progrès des armements glorieusement meurtriers !
Cuirasses, canons, mitrailleuses, sous-marins, aéroplanes !
J'aime tout, je vous aime tous comme un animal féroce."
De Campos révèle son tempérament féminin et masochiste, qui explosera dans l'Ode maritime :
"Je pourrais mourir broyé dans un moteur
Avec le délicieux sentiment d'une femme possédée qui s'abandonne.
Jetez-moi dans les hauts fourneaux !
Mettez-moi sous les trains !
Rouez-moi de coups à bord des navires !
Masochisme par le biais de mécanismes !
Sadisme de je ne sais quoi de moderne, et moi et le vacarme !"
"Ah ! regarder, voilà en moi une perversion sexuelle !"