Lu en Août 2020. Traduction Michel Magnien 7/10
Ô Aristote père de tant de concepts ayant influencé 2000 ans de pensée occidentale et nous influençant toujours aujourd'hui, comment pourrais-je te critiquer ? Déjà je peux t'admirer pour ta curiosité sans borne, véritable effigie de l'érudit, parangon de la volonté d'éducation mais d'abord simple observateur.
Ici dans ta Poétique, tu penses, tu décris, tu exemplifies enfin bref tu essaies de faire au mieux. C'est pas toujours facile à suivre car les idées fusent et tu n'as pas vraiment pris le temps de les organiser. Ainsi, dans ta quête annoncée d'étudier l'ensemble de l’œuvre poétique de ton temps, tu t'es consacré principalement à la tragédie et à l'épopée comme comparaison à la première, mais est resté sur le carreau (ou du moins cela ne nous est pas parvenu) la comédie.
Bien souvent tu es sentencieux, tu dis que c'est comme ci ou comme ça qu'il faut faire. Dans la construction d'une œuvre rien ne serait à laisser au hasard (s'opposant au concept de génie créatif Platonicien) ; tout art est basé sur l'imitation et j'ai été déçu d'apprendre que cette fameuse catharsis, cette « purgation des passions », n'a eu le droit qu'à une simple mention.
Mais enfin, tu insistes un peu plus longuement sur le but avoué de la tragédie qui doit inspirer « crainte et pitié », et le schéma narratif doit ainsi être très précis sous peine de ne pas susciter les bonnes émotions dans le public. Car le théâtre, tu le précises semble t-il à contrecœur, est avant tout pour le public, et dans le cadre des grands concours il faut que l’œuvre plaise au public quand bien même des artifices de mise en scènes seraient utilisés pour duper des incultes.
Enfin, tu cites encore et encore des œuvres et des dramaturges de ton époque, si bien que pour bien apprécier ton ouvrage il faudrait être complètement calé sur le contexte historico-artistique de la Grèce Antique. De même, il est difficile sans explication précise de comprendre les analyses de la métrique de l'époque (iambes, dithyrambes et autres joyeusetés).
Tu conclus donc en disant que la tragédie est supérieure à l'épopée, mais allez avoue-le, c'était surtout plus à la mode !
On sent que tu sais de quoi tu parles, du moins tu dis beaucoup de choses intéressantes qui, comme dans tout discours, se perdent parfois en sophismes et en divergences parasites.
En bref, un texte assez difficile mais qui est un pilier solide de la tragédie et même de la critique.
« La différence entre un homme instruit et un ignorant est la même qu'entre un vivant et un mort » (Vie d'Aristote, Diogène Laërce)
« Le rôle du poète est de dire non pas ce qui a eu lieu mais ce à quoi on peut s'attendre, conformément à la vraisemblance ou à la nécessité (contrairement à l'historien) » (Chap IX)
« Il n'y a rien d'irrationnel, puisqu'il est vraisemblable aussi qu'aient lieu des événements invraisemblables » (Chap XXV)