Poil-de-Carotte est le surnom de François Lepic, fils puîné d'une famille de petits bourgeois (ou de paysans enrichis) vivant à la campagne. Roux et couvert de tâches de son, Poil-de-Carotte est élevé "à la rude", comme on l'était au XIXème siècle dans nos campagnes. Comme un instinct de survie, il a développé le sens de la malice et la ruse que l'on prête habituellement au renard, cet autre rouquin.
Les parties de chasse et de pêche, les jeux (parfois stupides) avec son frère aîné et sa sœur, les cours en pension, les bêtises et les facéties constituent le quotidien de cet émule de Tom Sawyer. Souvent rudoyé par sa mère, protégé par son père, choyé par son parrain, Poil-de-Carotte va son bout de chemin, entre rires et larmes.
On a souvent tendance à rapprocher cette oeuvre majeure de Jules Renard du roman autobiographique d'Hervé Bazin, "Vipère au poing". Mais pour ma part, je ne leur trouve pas tant de ressemblances que cela et Mme Lepic n'incarne pas dans mon esprit une autre Folcoche, ni Poil-de-Carotte un autre Brasse-Brouillon. J'ai même trouvé pas mal de tendresse dans de nombreux chapitres (le récit se découpe en saynètes thématiques assez courtes) et si violence il y a, pour moi elle découle surtout d'un mode d'éducation complètement dépassé aujourd'hui ; et si maltraitance il y a, je la vois plutôt dirigée contre les bêtes par Poil-de-Carotte lui-même qui ne ménage ni les animaux domestiques ni les animaux sauvages. Certains passages pourront ainsi choquer les enfants d'aujourd'hui, c'est pourquoi il est vraiment important de resituer ce roman dans son contexte.