Porca miseria, dont la traduction est putain de merde, était l’insulte récurrente du père de Tonino Benacquista, Césare ! Et dans ce nouveau récit, il le raconte, lui, qui ne sait que noyer son amertume dans son vin jusqu’au moment où il se couche. Alors, seulement, sa famille peut de nouveau respirer !
Tonino Benacquista raconte aussi sa mère, Eléna, conquise par le cotè frustre de Césare. Telle une « Sabine », il l’enlève, à la vingtaine, et l’emmène en France, espérant trouver la fortune. Mais, là, où son frère ainé parti pour les États-Unis et en revient en Cadillac, Césare, toujours ouvrier, ne peut que glisser des tablettes de chocolat dans les valises de ses quatre enfants pour offrir à ceux qui sont restés.
Deux mots uniques sont prononcés par cette mère : cholestérol et contrariété. Ils évoquent le malaise de cette femme obligée de se laisser guider dans la rue par son fils, âgé alors d’une dizaine d’années. Elle est complétement étouffée et même maltraitée par ses conditions de vie et la maladie de son mari. Ce syndrome du déracinement est décrit avec beaucoup d’émotions tant l’amour du fils transparait dans ces pages. Du coup, ce sont les enfants qui sont l’interface entre ce couple et le monde. Et lorsque ses sœurs partent ainsi que son frère aîné, Tonino Benacquista reste seul avec ces adultes.
En chapitres courts, Tonino Benacquista questionne la manière dont il a grandi, sa terre, son identité face à ses parents qui sont restés à jamais des émigrés. Et, pourtant, leur dernier fils démontre à partir du récit de sa jeunesse, comment il ne s’est senti que français.
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