Sus aux hippies
C'est dans la postface d'un roman de Jean-Patrick Manchette que j'ai appris l'existence d'un certain A.D.G., de ses sensibilités politiques douteuses et de son statut culte d'auteur de polar à la...
le 14 juil. 2023
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C'est dans la postface d'un roman de Jean-Patrick Manchette que j'ai appris l'existence d'un certain A.D.G., de ses sensibilités politiques douteuses et de son statut culte d'auteur de polar à la grande époque de Série Noire. Il n'en fallait pas plus pour m'émoustiller et me faire entamer ce roman la bave aux lèvres (l'envie du sang et des mauvais sentiments ont cet effet peu reluisant).
C'est loin d'être mauvais sans pour autant faire frémir à l'excès, cause le style, voyez-vous. Ç'a p'têt un peu vieilli ce genre de jactance. Des inspirations céliniennes (que l'auteur vénère) et autres san-antonioneries plus ou moins heureuses ("Je suis velu, j'ai vu, j'ai vaincu") associées à un parlé audiardesque qui mêle argot, familièretés, néologismes et francisation abusive à base de ouisquie et autres ouesterne (même si j'apprécie l'effort, je reste mitigé sur l'intérêt de la chose).
Quand à l'histoire, on est sur de l'efficace, du concis. On ne niaise pas ici, monsieur ! Le grand père du protagoniste a rencontré un margoulin en pleine cavale suite à un braquage, et cet affreux jojo a usé de son calibre de telle sorte que l'ancêtre a rencontré les balles, le pavé et une mare de sang. Passablement contrarié, notre avocat de héro n'a plus qu'une idée dans la caboche : dessouder le fumier responsable même s'il doit remuer tous les secrets sordides des notables tourangeaux pour ça.
On part sur un coquetèle frapadingue d'acolyte patibulaire, de misère sociale, de réseau pédophile et d'une faune peu recommandable, du genre communauté de hippies pas nets et autres locaux dégénérés. Autant vous dire que le maurassien en chef n'est pas trop jouasse et va user du calibre sans que ça lui cause trop de remords. Y s'pourrait même bien qu'il y prenne du plaisir, le sagouin, oui, ça serait bien son genre.
Bon, on se laisse porter par le cynisme, les mauvais sentiments du bonhomme et le phrasé d'époque, mais c'est pas non plus palpitant à se ronger les sangs et les affreux pourraient l'être encore plus qu'on n'y verrait pas à redire.
C'est pas trop désagréable et ça se lit assez rapidement. Faut s'installer sur le quai d'une gare de province pour être dans le ton (du style trop tranquille pour être honnête), un matin brumeux, avec un jambon-beurre des familles et de la mauvaise gnôle dans sa flasque.
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le 14 juil. 2023
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