Le récit se déroule en deux temps : une partie racontant l'enfance épouvantable de Jeannette et l'autre (on pouvait s'en douter avec une mère pareille) sur la quête de soi et la recherche de sa mère biologique.
Mais en disant cela, je n'ai rien dit car ici, qu'importe le propos, le génie tient dans le style. Quand une autobiographie est rédigée par un véritable écrivain ça se sent. Certes, cette enfance est horrible mais l'auteure arrive à nous décrire sa mère adoptive avec un recul et un sens de l'autodérision jubilatoire. Elle fait ressortir le côté pince sans rire de sa mère, le comique de certaines situations avec un talent fou. Oui j'avoue, j'ai ri - jaune- de tous ces malheurs. Par ailleurs l'auteure jalonne ici et là son récit de réflexions sur le sens des épreuves passées : un exercice périlleux mais qui se révèle réussi dans ce cas.
Dans la seconde partie, on rit moins. On voit Jeannette se débattre dans ses relations amoureuses chaotiques et on lit comme un roman à suspens son parcours d'enfant adopté pour retrouver sa mère biologique. Ces pages sont vraiment intéressantes car avec cette écrivain, pas de langue de bois, pas de scène idéalisée de retrouvailles, juste des ambivalences très bien écrites.
Tout le long du récit, j'ai apprécié qu'il n'y aie aucun misérabilisme, juste la volonté farouche de s'en sortir, munie de son intelligence et sa foi en l'avenir et la littérature.