L'avantage pour un libraire, c'est de recevoir en avance les livres à paraître. Comme l'auteur de ce bouquin j'annonce clairement ce que je pense, j'aime lire du Beigbeder. Il est ce salaud que je jalouse, ce révolutionnaire bourgeois qui se contente de dire tout haut ce que tout ado dit très mal haut et fort quand il a 16 ans.
S'il y a bien une chose que j'ai apprécié dans cet essai (car oui, c'est un essai, et il est réussi), c'est qu'il ne parle pas de lui (ou très peu). Frédéric (mes soirées passées dans le quartier d'Odéon me donne envie de devenir familier avec lui, que ça lui plaise ou non), part du principe que le roman papier va disparaître et que les grandes oeuvres littéraires disparaîtront elles aussi à leur tour. Il dresse donc un top 100 de ses meilleures lectures, de Gide à Lolita Pille.
Grâce à ce bouquin, vous pourrez briller en société pour parler des livres que vous n'avez pas (encore) lus, à condition d'aimer Blondin, Salinger, Fitzgerald et Bret Easton Ellis plus que tout. Pour ma part, il m'a donné envie de lire beaucoup de références, de découvrir des auteurs que je ne connaissais pas et qui méritent tout mon respect. Je le répète, Beigbeder ne parle pas de lui, et il montre à quel point il sait être un grand auteur quand il s'y met. Il n'y a rien de plus plaisant de se découvrir des passions communes pour des livres que nous avons lus tous les deux.
C'est simple, efficace, quoiqu'un peu répétitif par moments (lorsqu'un auteur est cité plusieurs fois pour deux livres différents, Beigbeder ne s'emmerde pas, il recopie ce qu'il a déjà écrit). Beigbeder n'est pas qu'un Easton Ellis de bas étage, et par là je veux dire français, il sait être aussi un homme de Lettres et il le fait très bien.