Imaginez un journal télévisé qui serait pris en otage en direct, voilà le postulat de base de ce nouveau bouquin de Maxime Chattam. Lui qui a su explorer les univers imaginaires autant que les récits de thrillers glaçants revient ici à un récit policier centré sur trois groupes principaux de personnages : un escadron du GIGN (Chattam rappelle en fin de bouquin son admiration pour ces forces spéciales qui l'ont accepté en stage-découverte), l'équipe d'un journal télévisé dont fait partie l'héroïne principale et un preneur d'otage qui se surnomme lui-même Kratos.
L'idée de base est plutôt alléchante, mais qu'en est-il réellement ?
D'abord la forme. Assez conventionnelle, Chattam se fixe sur un personnage pivot assez classique : une jeune femme faisant partie du monde de la télévision, mais très critique avec ce dernier. C'est ce elle qui sera le point d'ancrage du récit pour le lecteur et avouons-le, ce n'est pas le personnage le plus convainquant de la carrière du Stephen King français. Lambda, alourdie de descriptions un brin bateau (notamment tout son pan anciennement suicidaire, sa relation avec sa mère), la tension sensuelle assez malvenue entretenue entre elle et le négociateur du GIGN, on ne trouve pas là son personnage le mieux écrit.
Quant à la tension, on se retrouve rapidement face à un cul de sac. Si quelques péripéties jalonnent le récit, la prise d'otage en elle-même n'est qu'une longue attente (d'une nuit) : un matériau bien difficile à manier lorsque l'on souhaite entretenir une écriture ciselée et prenante. Il a alors de nouveau recours à des ressorts scénaristiques pour tenter de tendre son récit, nous obligeant par la même occasion à avaler des couleuvres un peu compliquées à ingurgiter.
Le pan critique du livre - l'avidité des médias, les revendications de Kratos - peinent à convaincre également. Chattam semble lui-même les saborder (lorsque Kratos expose en une longue diatribes ses revendications, il avouera lui-même qu'elles paraissent bateau). S'en suit un bouquin plutôt inconséquent d'un point de vue politique.
Peut-être regrette-t-on un peu le Chattam des thrillers noirs, glauques, sanglants ? Pourtant, si l'on accepte de céder du terrain à la suspension de crédulité et si l'on oublie quelques passages un brin longuet, Prime Time reste un pavé très rapidement lu. L'écrivain n'a pas perdu ses capacités d'écrire un page-turner plutôt efficace, et c'est déjà ça...