S'il est un auteur de sciences politiques qui a inspiré les débats publics de ces dernières années c'est bien Bernard Manin et son célèbre Principes du gouvernement représentatif qui a d'ailleurs donné lieu aux lectures les plus contradictoires.
Dans ce classique d'environ 300 pages que je n'avais lu à titre personnel que par extraits jusqu'alors (honte à moi), Bernard Manin explique comment le gouvernement représentatif, pourtant conçu comme non démocratique et optant pour un mode de sélection de ses gouvernants, le vote, considéré alors, d'Aristote à Montesquieu, comme aristocratique, est devenu cet objet inattendu qu'est la démocratie représentative au point d'etre presque inséparable de la démocratie.
Outre de très belles pages sur le tirage au sort qui expliquent bien comment Grecs ou Italiens des Républiques florentines ou vénitiennes conjuraient tous les inconvénients du tirage au sort et ont sûrement contribué à a renouveler à la surprise de Manin lui-même, l'intérêt pour cette procédure. Les débats sur le fait que l'élection doivent aboutir à la désignation d'un citoyen qui ressemble à ses pairs ou au contraire qui l'en distingue par ses qualités, au cours de la rédaction de la Constitution américaine de 1787 est également d'une lecture passionnante.
En bref, ce classique des sciences politiques mérite bien l'attention du citoyen tant pour sa compréhension de la représentation que pour les perspectives qu'il dessine sur les manières d'exercer son métier dans la cité!