"Profession de foi: déclaration ouverte et publique d'une croyance, elle est individuelle."
Il en est question dans ce livre, d'une profession de foi, de prendre le pari de croire, par amour inconditionnel, par crainte de ce qui peut arriver si l'on ne croit pas.
Alors Emile va se prêter à croire, le discours d'un père dont la vacuité de l'existence n'a d'égal que son imagination débordante et sa paranoïa.
Tyran domestique, il fait de son fils un subalterne de ses délires mégalomaniaques, le sacre agent de l'OAS ou encore pilote de voltige aérienne. L'enfant qui ne sait comment se faire aimer d'un père si particulier, se plie à ses caprices, se courbe sous ses coups mais ne l'abandonne jamais, quitte à prendre des risques inconsidérés. Cet enfant lunaire que l'on sent fragile et tremblant, puise une force insoupçonnée dans la volonté de se faire aimer de son père.
Une ombre passe sur le récit, celle d'une mère, aimante mais résignée, elle aussi victime du désespoir de l'homme de la maison, complice passive de sa maltraitance.
Dans ce, presque, huis-clos, l'amour est réel maladroit et destructeur, l'atmosphère est oppressante et pathétique. La pudeur de Sorj Chalandon parvient à atténuer ce malaise, malgré tout, l'aspect autobiographique n'aura sans doute pas permis à l'auteur d'effacer totalement ces caractéristiques, donnant lieu à deux ou trois passages trop empreints de pathos à mon goût.
Un roman brutal et bouleversant.