Que du bonheur.

"Propos sur le bonheur" est une oeuvre pour ceux qui cherchent une philosophie loin des idées reçues, une oeuvre dont le contenu est plutôt éloigné de la représentation que beaucoup se font de cette science de la pensée, c'est-à-dire un ouvrage qui ne soit pas trop complexe et trop hermétique à lire et à digérer.

Ce livre est fait pour être lu par tous. Subdivisé en courtes parties de deux ou trois pages, les sujets proposés s'articulent autour du "processus de nos pensées les plus typiques dans la vie de tous les jours".

Alain évoque ici ce qui fait que nous avons nos "humeurs", ce qui fait que l'enfant cherche toujours à être heureux. Ce qui fait, surtout que le bonheur est une politesse de rigueur, un savoir-vivre, et pourquoi devrait-il être enseigné à tout le monde, au même titre que l'art d'être heureux, qui s'apprend comme on apprend à écrire ou à compter. Les passages que j'ai notés dans le livre sont nombreux, et méritent tous d'être cités, tant il faut qu'ils soient lu de tous, surtout des plus taciturnes, mécontents et consorts. J'ai choisi le passage écrit plus bas, car il en vaut bien un autre. Mais surtout, j'espère qu'il transmettra aux lecteurs de cette critique l'envie de lire "propos sur le bonheur".

Alain : « Je vous souhaite la bonne humeur. Voilà ce qu’il faudrait offrir et recevoir. Voilà la vraie politesse qui enrichit tout le monde et d’abord celui qui donne. Voilà le trésor qui se multiplie par l’échange. On peut le semer le long des rues, dans les tramways, dans les kiosques à journaux ; il ne s’en perdra pas un atome. Elle poussera et fleurira partout où vous l’aurez jetée. Quand il se fait, à quelque carrefour, un entrelacement de voitures, ce ne sont que jurons et invectives, et les chevaux tirent de toutes leurs forces, ce qui fait que le mal s’aggrave de lui-même (…). Madame grince ; la cuisinière grince ; le gigot sera trop cuit ; de là des discours furibond. Pour que tous Prométhées fussent déliés et libres, il ne fallait pourtant qu’un sourire au bon moment. Mais personne ne songe à une chose aussi simple. Tous travaillent à bien tirer sur la corde qui les étrangle ».

La philosophie pour ce qu’elle est, et comme elle devrait être perçue par tous, c’est-à-dire pour ce qu’elle est en réalité, un discours qui n’est intellectuel qu’en apparence avant toute chose, en tout cas pour servir une idée, et donc sa compréhension par tous. Et la compréhension de cette idée, parfois, peut aller vers un mieux vivre si essentiel quand on pense inutilement à des agacements en tous genres et des petits maux qui ne méritent jamais d'être relevés. De la médecine puissante du mot contre l’humeur, et pour le bonheur.

A lire,