La découverte du livre suivant des "origines" de Psmith, le plus grand personnage de Wodehouse, est l’occasion pour nous de retrouver les héros du tome précédent, à savoir Mike Jackson et son grand ami Psmith, pratiquement là où nous les avions quittés.
L’époque joyeuse et insouciante des études adolescentes à Sedleigh s’achève. Par la faute d’un père inconséquent et d’une fratrie trop nombreuse, le cadet des Jackson se voit dans l’impossibilité de poursuivre un cursus dans la prestigieuse, mais dispendieuse, université de Cambridge. Propulsé dans la vie active à l’âge tendre de dix-neuf ans, notre bon Mike prend, la mort dans l’âme mais toujours philosophe, la route de Londres, où un petit boulot l’attend au sein de la très sérieuse New Asiatic Bank dont John Bickersdyke, un ami de Psmith senior, est l’un des managers de plus haut rang.
Par un heureux coup du sort, Psmith junior se trouve dans la même situation que son ami, qu’il rejoint à Londres et à la banque, et à qui il offre généreusement une chambre de son appartement cossu (incomparablement plus confortable que la petite mansarde de bonne d’abord louée par le pauvre Jackson). En la présence de son ami à la verve inimitable, au flegme imperturbable et aux idées aussi excentriques de nombreuses, l’avenir s’annonce finalement moins sombre que prévu pour notre roi du cricket.
L’histoire est relativement mineure et le livre plutôt modeste parmi l’illustre bibliographie de son auteur. Néanmoins, comme toujours, ses personnages vifs, en particulier Psmith, valent largement le détour.
Le personnage, déjà ébauché dans « Mike », trouve ici une épaisseur supplémentaire et affirme son style tel qu’on le retrouvera avec plaisir plus tard dans le chef d’œuvre « Leave it to Psmith ». Plus bavard que jamais, Psmith se fait un malin plaisir de plonger ses interlocuteurs (et ses amis) dans l’embarras le plus total. Tout à fait insupportable pour la cible qu’il s’est choisi – mais absolument délicieux pour le lecteur – Psmith est imperturbable et infatigable. Sa ténacité porte souvent ses fruits, et il est rare que le lascar n’obtienne pas ce qu’il désire.
Le choix de narration, qui fait de Mike Jackson le personnage principal, permet au spectateur de mieux apprécier les excentricités de Psmith. Mike, lui-même, se contente assez bien d’un rôle à l’arrière-plan, témoin ou assistant passif du grand homme. Discret et finalement assez plat, Mike s’efface, permettant à Psmith de mieux rayonner de son charisme inimitable.
Au final, « Psmith in the city », la suite logique des aventures de Mike et Psmith, offre un nouveau terrain de jeu à nos amis, le monde de la banque, univers terriblement ordonné qui ne va pas bien s’accorder avec le passage de la tornade Psmith. Le livre constitue une plongée agréable dans Londres, et propose tout un lot d’activité : travaux de petits fonctionnaires, pauses thé et, évidemment, une bonne dose de cricket.