Si Gustave Le Bon développe des idées vraiment percutantes, il n'en reste pas moins misogyne et manque par moment de démonstrations scientifiques, faisant souvent des généralités de cas particuliers de l'Histoire.
Les passages voyant dans la femme une "forme inférieure d'évolution" au même titre que le sauvage, ou encore ceux comparant la foule et la femme pour leur tendance à l'exagération.. Tout cela n'est pas digne d'un penseur aussi renommé.
Toutefois, les passages qui traitent des mécanismes psychologiques des êtres sociaux sont vraiment pertinents.
Quand il compare la foule à un corps vivant par exemple, composé d'une multitude de cellules différentes mais extrêmement soudées et capables de créer un ensemble cohérent malgré leur diversité.
Ou encore quand il étudie les dispositions de la foule toujours prête à se soulever contre une autorité faible, mais totalement servile face à une autorité forte.
Seul bémol : on sent trop par moments la part de subjectivité de l'auteur, la peur du bourgeois face au peuple. Par conséquent, il a tendance à trop catégoriser et dénigrer la foule, à considérer les comportements collectifs comme des régressions de nos sociétés modernes, niant l'individualité. Heureusement, Freud viendra quelques années plus tard réfuter ces idées et redonner à l'individu son libre-arbitre, même au sein d'une foule.
Bref, un livre qui n'en reste pas moins intéressant, facile d'accès et très actuel. C'est assez déconcertant d'ailleurs, cette facilité avec laquelle il décrit notre société contemporaine. N'oublions pas que le livre a été publié en 1895 !
La difficulté en fait, c'est de toujours garder un certain recul pour démêler le bon du moins bon, et ne pas boire passivement les dires de ce brave Gustave.