Et après ?

Je suis entré dans Secundo avec un peu de mal ; faut dire qu'il fallait se remettre les personnages en mémoire, et je m'attendais à suivre Fox de nouveau. S'il fait bien partie de l'intrigue, Fox ne revient qu'un peu après. Mais on découvre Lynx, et on en sait plus sur le fameux Montana... Et Amel devient le pivot de l'histoire, avec toujours également la question du trafic de drogue.

Bref, on est toujours dans le récit de DOA, avec du punch, de l'analyse, du renseignement. Et on est toujours aussi bluffé par les connaissances de l'auteur. Dans une interview dans Libération, il affirme, par exemple, avoir testé toutes les armes évoquées dans Pukhtu. Et puis il y a ce langage militaire, cette connaissance de la culture pachtoune, comme du renseignement militaire français et US. Nul doute que les investigations de l'auteur ne se sont pas cantonnées à l'Internet.

Dans l'interview de Libé, DOA livre quelques infos sur sa manière d'écrire ; et ça commence par lire, tout ce qu'il trouve concernant son sujet : expertises en tous genres, blogs, sites gouvernementaux, presse spécialisée, témoignages... Et ensuite avec un sens subtil d'une narration percutante il sait rendre tout cela digeste et prenant. Un magicien. Le tout est entrecoupé de dépêches de presse qui, elles, sont véridiques. Histoire de ne pas perdre de vue la réalité au-delà du roman.

En résumé, si vous n'avez pas lu le premier tome (Pukhtu Primo), DOA nous plonge dans l'univers post 11 septembre. Ca commence à Kaboul, juste une seconde après un attentat. Les américains courent après Ben Laden qui ce serait réfugié en Afghanistan ou au Pakistan. Obama vient d'être élu, et la récolte de Pavot n'a jamais été aussi importante. Car c'est le trafic de drogue et les millions faciles qui sont au coeur de Pukhtu ; ainsi que les dommages co-latéraux que tout ce bordel va créer : comment des tirs aveugles peuvent transformer de simples chefs de clan en guerriers sanguinaires, et comment les paramilitaires américains, profitent d'une impunité totale dans leurs déplacements... A travers le prisme posé sur un pays désolé, mais qui n'a jamais été vaincu, DOA nous explique la mondialisation du trafic, parfois même au nom des intérêts des Etats. C'est flippant et sous adrénaline. J'espère qu'un jour DOA passera derrière la caméra pour mettre tout ça en image. Seul bémol sur Secundo, la fin nous laisse... sur notre faim. Quand bien même il n'est pas question pour l'instant d'un Tertio.