Mosul est un film qui ressemble à d'autres du genre, mais pas tout à fait...
D'abord la ville de Mosul et l'Irak, toujours filmés par des réalisateurs américains ou canadiens ; de fait, une version "héroïsée" de l'histoire. Avec un héros à suivre, parce que bien sûr, dans les films américains, seuls les américains souffrent... Le reste n'est que décor.
Là, pas d'américains. La seule fois où il en est question, c'est pour refuser leur intervention car ils ne laissent que ruines et cendres derrière eux. Les soldats/policiers que l'on suit sont de Mosul, ont tous perdus de la famille assassinée par Daesh, et leur mission dont on ne sait rien, semble au-delà de tout objectif militaire (et c'est bien le cas). Le spectateur est placé au même niveau que Kawa, jeune policier que le SWAT emmène avec lui dans cette folle journée, parmi d'autres folles journées. Il ne sait pas où il va, ni pourquoi il accepte d'y aller, il ne comprend rien mais fini par se résigner. Est-ce le magnétisme de leur chef, le major Sajem ? Etrange personnage tout à la fois empli d'empathie et de soif de vengeance. Signe particulier : ne peut pas entrer dans un local sans y faire un brin de ménage ; comme si reconstruire la ville ne pouvait s'épargner le moindre petit geste. Difficile d'aller plus loin sans dévoiler l'intrigue. Un sujet dont on parle si peu, ou alors si mal. Mais justement, c'est ce qui fait de Mosul un film atypique dans le genre : pas d'héroïsme, juste des hommes qui tombent. Des combattants de tous les jours qui n'ont en plus aucune base de repli dans laquelle se mettre à l'abri. Des combattants qui arpentent la ville y croisant parfois des frères, parfois des traitres.
Côté cinéma, que ce soit le casting, le décor, les scènes d'action, les choix moraux, tout est parfaitement filmé, scénarisé. Je n'ai pas mis 10 parce qu'il manque un je ne sais quoi pour l'atteindre ; peut-être justement parce qu'il n'y a pas de héros à suivre et que cette narration est alors plutôt âpre. Mais ne vous y trompez pas, Mosul est un très bon film, qui évoque des événements dont on ne parle pas. Qui plus est, ce film est inspiré de faits réels relayés en 2017 dans un article de The New Yorker : "the desperate battle to destry ISIS". Le flou par lequel on embarque dans cette histoire est un choix des réalisateurs qui voulaient que l'on se trouve dans la confusion avant d'enfin comprendre le but de cette quête. C'est un bon choix, parce que malgré ce flou, Mosul vous accroche de suite et on ne quitte pas l'écran des yeux. Un film atypique, proche du documentaire, qui mérite même une seconde lecture. J'y vais de suite...