Habituellement, quelques dizaines de pages me sont nécessaire pour me détacher complètement du livre précédent et entrer dans le nouveau. Les livres m'avalant immédiatement dès les premières lignes sont rares. Purge est l'un de ceux-là.
Difficile de résumer ce livre aux multiples facettes. Ses changements continuels d'époque (entre l'année 1992 et les années 40 et 50) rendent le récit très découpés, voir haché. Au début, le lecteur n'a qu'une vision très imprécise des choses, une vue trop partielle pour comprendre les personnages, leurs actes, leurs sentiments. Puis, au fil de la lecture, les éléments se mettent en place, les trous se bouchent naturellement, les personnages prennent de l'étoffe, de la consistance et les différentes interrogations du début trouvent des réponses. Sofi Oksanen maitrise parfaitement son discours, distille savamment les indices et amène le lecteur exactement là où elle le souhaite.
Entre polar d'espionnage sur fond de guerre froide et drame familiale, le lecteur a du mal à poser son livre tant l'intrigue est prenante. Je regrette néanmoins l'écriture parfois très crue et très explicite lorsque le passée de Zara, prisonnière d'un réseau de prostitution, est abordé : ma pudeur littéraire a parfois été mise à mal.
Mon sentiment, une fois la dernière page tournée, est néanmoins très positif. L'idée des rapports classés top secret à la fin est excellente. Elle donne du relief au personnage de Martin, contribue à expliquer pourquoi un tel personnage demeurait en province, apparemment loin de la tête du parti auquel il est dévoué corps et âme. Ces rapports apportent également une rupture bienvenue dans le style littéraire, une diversité heureuse.
Bravo !