Pas le texte le plus connu de Beauvoir, sans aucun doute, Pyrrhus et Cinéas est un ouvrage réalisé dans le contexte de l’existentialiste naissant, l’ouvrage est vraiment une sorte de suite plus personnelle et concrète de L’Être et le Néant.
S’assumant comme un manifeste, l’ouvrage a vraiment la coloration existentialiste typique de l’époque. Pour autant, Beauvoir, dans cet ensemble personnel qui est l’intégralité de ses publications de ses époques, a parfois plus développé les arguments que dans Pyrrhus et Cinéas.
En effet, le grand problème de Pyrrhus et Cinéas est bien l’incapacité de Beauvoir à argumenter ainsi que sa tendance à lancer, sans guère de méthode, des références à la tradition philosophique. On dirait parfois une dissertation un peu trop personnelle et manquant de méthode (ironique, non?). Pourtant, à la même période, ses articles dans Les Temps Modernes, à peine moins longs, sont pourtant beaucoup plus profonds.
L’argumentation manque dans ce livre qui suppose une totale acceptation de l’existentialiste par son lecteur. Le lecteur connaît et accepte intégralement Sartre et Beauvoir montre donc finalement ce que Sartre avait déjà fait mais avec sa propre plume … Pas très intéressant en somme …
Si on appréciera en partie la plume et surtout quelques rares moments, notamment tout ce qui touche la propriété, l’incorporation des autres en mon monde, et globalement dès que Beauvoir parle de projet, si on aimera l’intelligence de l’oeuvre et sa volonté de faire vivre philosophiquement les individus, on regrettera cependant son manque de subtilité argumentative, de preuve, et globalement le manque de concret par rapport aux autres textes de Beauvoir de cette même période.
Ce n’est pas mauvais, et surtout, c’est bien peu cher comme livre, il faut le reconnaître, ça se lit vite tout de même, mais pour autant, il y a comme une pointe de déception.