Dans les oeuvres de Howard Buten, on retrouve des détails récurrents, comme par exemple des personnages qui refusent la norme. Les narrateurs de ses histoires sont souvent un peu tristes, mélancoliques, ne peuvent pas s’empêcher de faire le clown, ils font des jeux de mots, racontent des blagues, et ils sont accusés d’être fous.


Quand est-ce qu’on arrive est une oeuvre étrange, car la caractéristique principale du personnage est d’être d’une beauté extraordinaire au point que tous les autres autour d’elle s’extasient parce qu’elle devrait faire du cinéma (elle travaille dans une supérette ou quelque chose comme ça). Mais l’héroïne du roman ne pense qu’à son rapport compliqué à la maternité (sa fille qu’elle a abandonné), son frère mort du sida, et quand elle a l’occasion de devenir une star de l’écran, elle fait le pitre, peut-être même parce qu’elle ne peut pas s’en empêcher.


Oncle Steve s’est mis à me téléphoner plus souvent, il voulait que j’aille chez eux pour un brunch, histoire de se disculper. Il disait que quand tout nous a fait faux bond, il nous reste la famille, mais tout m’avait fait faux bond et il ne me restait rien. Il disait vouloir assumer sa culpabilité, pour se réconcilier avec lui-même. C’est plus gratifiant que de te réconcilier avec moi, lui dis-je. Il n’apprécia pas cette remarque. Il rit quand même je l’aurais giflé.
[…]
- Nous voici donc toujours en compagnie de Bet. Bet, parlez-nous un peu de votre expérience de doublure. Est-ce que vous avez suivi une formation, ou quelque chose ?
- Je fais pas de dédoublement de la personnalité… Et moi non plus.
- De dédoublement… ?
- Quand tout nous a fait faux bond, il nous reste la famille.
- Heum, bien.


Cette façon de raconter, qui se rapproche volontairement du langage de l’enfant dans Quand j’avais cinq ans je m’ai tué, évoque un autre livre et un autre auteur : Le bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon. L’auteur écrit un roman presque policier du point de vue d’un enfant autiste sans franchement en connaître personnellement les symptômes (il va juste se documenter un peu) pourtant son roman va devenir un symbole d’empathie, un ouvrage de référence, ce qui embarrasse encore aujourd’hui l’auteur qui répète à qui veut l’entendre qu’il n’est pas du tout un spécialiste de la question.

plezirdezie
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le 9 juil. 2016

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plezirdezie

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