Par son regard à la fois large et acéré l'auteur nous ouvre les portes de son vécu montagnard. Et pas que. Il nous ouvre les yeux en nous permettant de voir avec ceux du marcheur averti de son appartenance au monde par l'intimité des hauteurs comme des profondeurs.
Beaucoup de compétences et d'analyse, sous divers angles essentiels du savoir.
Que ce soit pour les pays, les hommes, les animaux, les plantes, les minéraux, les eaux, quand on veut connaître, il est important de se donner, par les savoirs livresques et par l'expérience partagée, des outils d'approche et de compréhension du monde. Particulièrement en montagne ou en mer, l'homme est seul.
Mais c'est là une vue partielle des choses. Ne prenons pas la partie pour le tout. La montagne est un iceberg riche de vies mêlées, souvent cachées au regard néophyte. Ignorer ce savoir, c'est ressembler à ces cohortes haïssables de touristes ignares et grossiers dont le regard superficiel ne dépasse pas le bout de leurs chaussures de marque et se cantonne à l'angle photographique obsédé de "souvenirs" avant de les avoir jamais vécus.
S'il est un public de lecteurs auquel s'adresse ce recueil de récits, c'est bien à ces innombrables ignorants que nous sommes.
Le regard analytique d'Olivier Remaud offre un jeu de clefs pour accéder à la connaissance de notre monde. Pour passer du regard du badaud à celui de l'intime. Un regard très objectif qui ouvre à un contact subjectif enfin riche de compréhension globale de l'iceberg de la vie. Un regard d'aigle vaste et aigu doublé d'une perception de taupe aux dimensions souterraines. Une perception globale de soi et du monde, et d'un monde-soi.
Belle lecture de haute densité.