Nous avons tant aimé les premiers Donna Léon. Un commissaire vénitien raffiné, subtil, amoureux de sa ville mais sans illusion sur ses défauts ; doté d’une femme parfaite, la merveilleuse Paula, prof de littérature à la fac et cuisinière accomplie. Les deux enfants ados aussi exaspérants que séduisants.
Mort à la Fenice et les titres suivants se dégustaient comme des sfogliatelles les plus croustillantes.


Hélas le filon s’est asséché et l’auteure se laisse porter par un mince filet d’eau tiède.
Le commissaire Brunetti est devenu paresseux et se repose presque entièrement, pour l’enquête, sur l’ordinateur de la signorina Elettra, piquante assistante du patron, le vice-questeur Patta, affairiste et fat.
La signorina est une geek accomplie et a accès à tous les fichiers d’Italie et d’ailleurs et résout ainsi tous les problèmes que lui confie Brunetti. Plus besoin de subtilité policière, peu d’enquêtes et de déductions.


Voici donc le dernier opus : « Quand un fils nous est donné ». Dans les deux cents premières pages le comte Fallier, le riche et puissant père de Paula s’interroge sur les raisons qui conduisent son vieil ami, homosexuel assumé, à envisager d’adopter un jeune gandin dont il s’est entiché. Le commissaire est prié d’enquêter et de le dissuader ce qui nous vaut différentes promenades dans Venise et surtout d’évoquer des sites enchanteurs.
Par exemple : « Ils passèrent devant l’église San Martino et les lions qui gardent l’entrée de l’Arsenal. » Le lecteur se souvient de son dernier voyage dans la sérénissime ce qui constitue un ressort essentiel de l’ouvrage.
On perd le compte du nombre de cafés absorbés pour lesquels on nous précise à chaque fois qu’il y verse du sucre et tourne la cuiller. On n’oublie pas non plus les verres de vin et les repas tel ce bistrot où « Brunetti prenait toujours des pacchen au thon avec des pomodorini alors que Vianello demandait immanquablement la pasta alla Norma »
Évidemment on salive.


Enfin le drame se noue et une enquête policière commence que le lecteur aura résolue bien avant le commissaire.


Évidemment, on peut se laisser bercer au rythme des signore et des dottore. Les habitués retrouvent un petit monde bien connu. Lecture facile, nonchalante et délassante. Mais c’est très décevant, long et sans ressort.
Buona notte !

MarcM
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le 27 mars 2021

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MarcM

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