Je vais le dire tout de suite : je pense qu’il y a des romans qui sont importants, qui doivent exister, et d’autres qui ne devraient jamais voir le jour. Même si je suis à 100% pour une littérature de simple divertissement, il y a des livres qui ne sont écrits que dans un but : faire de l’argent, et peu importe si – dans le cas de la littérature de jeunesse – ils sont encore plus abrutissants pour les enfants que la télévision.
« A Monster Calls » (traduit en France par « Quelques minutes après minuit ») est différent. En plus d’être excellent, « A Monster Calls » est important. (Lisez-le. SVP.)
Alors, par où commencer..?
Imaginez que vous êtes devant un film, mais que vous oubliez que tout est faux, que les protagonistes sont des personnages fictifs interprétés par des acteurs, et que vous les voyez comme de vraies personnes. C’est un peu ce que j’ai ressenti pendant ma lecture.
Les personnages sont terriblement bien écrits et réalistes.
Malgré leurs défauts (ou justement, grâce à eux ?) ils sonnent tous juste : la grand-mère de Conor est loin d’être une mamie gâteau, elle paraît parfois antipathique, mais la détresse qu’elle ressent face à la maladie de sa fille, les moments où elle est vulnérable n’en sont que plus bouleversants… Le père de Conor l’a abandonné pour vivre en Amérique avec sa nouvelle famille, mais on voit, on sent qu’il aime son fils et veut tout faire pour l’aider à supporter cette épreuve…
Ils sont aussi très attachants, surtout Conor (qui a ses propres défauts) et sa mère. On ressent l’amour qu’ils se portent l’un envers l’autre, et leur relation, très forte mais rendue compliquée à cause de la maladie, est tout de même très belle. On comprend rapidement le vide, l’épreuve insurmontable que ce serait pour Conor de la perdre…
Et puis bon, là je parle des personnages « humains », mais…
Le. Monstre. Est. TROP COOL !
La seule appréhension que j’avais avant la lecture du roman le concernait : vu qu’il s’agit d’un livre jeunesse, j’avais peur de tomber sur un gentil monstre de type Casimir ou Jacques Sullivan souhaitant nous apprendre que la vie n’est pas toujours rose bonbon mais qu’il faut apprendre à être heureux et gentil même avec les méchants parce que tout le monde a un cœur blah blah blah…
QUE NENNI ! (Ça m’apprendra à avoir des préjugés.)
Le monstre est ÉNORME, le monstre est SAUVAGE, le monstre fait FLIPPER Conor et le monstre menace de le BOUFFER bordel ! C’est trop cool !
Bon, après ils apprennent un peu à se connaître, et j’ai adoré leur relation pleine de sarcasme mais en même temps assez protectrice, et sans jamais tomber dans la niaiserie. (Il me semble même qu’il le menace encore de le tuer une fois ou deux s’il lui coupe la parole.)
S’il y a un autre très bon point que je tiens absolument à souligner, c’est que ce livre – jeunesse – ne prend pas son public – les enfants notamment – pour des idiots ou de petits êtres fragiles : les personnages ne vont pas devenir bons d’un simple coup de baguette magique, le monstre n’est pas un gentil nounours, ses fables sont originales et leurs morales – s’il y en a – ne sont pas les plus évidentes… Et puis bon, ça aborde des thèmes vraiment douloureux, on ne va pas se le cacher. (Le cancer, le deuil, le harcèlement, youpiii…)
Même la fin du roman est bien plus complexe – et surprenante – que ce que l’ont imagine de prime abord sur une histoire traitant de ces thèmes. Bien sûr, je ne vous spoilerai rien, mais honnêtement ça me fait mal de ne pas en parler tellement j’ai été surprise (en fait, ça m’a carrément fait l’effet d’un plot-twist). Donc si vous l’avez lu, n’hésitez pas à en parler – en précisant que vous allez spoiler – dans les commentaire ou autre, il en va de mon bien-être mental. Merci.
Enfin, j’aimerais parler des dessins de Jim Kay qui parcourent le livre – puisque j’ai eu le bons sens de commander la version illustrée : ils sont SUPERBES. Sombres, presque macabres, et en même temps poétiques, ils sont exactement ce qu’il faut pour accompagner cette histoire.
Le point fort de ces illustrations (en plus de leur BEAUTEY) c’est qu’elles en montrent assez pour se représenter plus facilement la scène, mais pas trop pour permettre à notre imagination de faire le reste.
Bref, même à ce niveau là c’est du tout bon. (Le seul désavantage, c’est que je ne suis pas sûre qu’il existe une version illustrée traduite en français… Mais pour ceux qui se sentent d’attaque, la version originale est franchement facile à comprendre !)
C’est donc un EX-CE-LLENT roman que je conseille à tous, aux jeunes comme aux moins jeunes et, honnêtement, je pense que cette histoire pour littéralement aider des gens qui sont – ou ont été – dans la même situation que Conor, peu importe leur âge.