Il y a des instants divins, quelque soit le plaisir de lecture qu'un roman peut inspirer, pendant lesquels le titre de la critique surgit en même temps que celui du livre. Ainsi, quand j'ai eu Qui? entre les mains, je pouvais déjà à l'avance déterminer quel intitulé aura ma critique bien avant qu'un véritable avis fleurisse dans mon esprit. Entre les conjonctions de coordination et autres expressions drolatiques telles que C'est parti mon Qui Qui ou Qui veut gagner des pédos, je ne savais plus vraiment où donner de la tête, d'autant plus que mes premiers a priori sur le livre étaient plus que négatifs. De manière générale, quand un libraire vous tend un livre sans que vous ayez à le payer, en guise de cadeau, c'est qu'il y a une sacrée chance pour que le bouquin soit merdique. Et pourtant, il ne l'a pas été tant que ça. Même si les ficelles sont grosses, que les inexactitudes juridiques pullulent dans le roman et que globalement, les personnages sont pour tout dire assez fantomatiques, on se prend assez facilement à l'intrigue ainsi qu'à son écriture originale et pour tout dire plutôt plaisante. Mais s'il y a bien quelque chose qui m'a dérangé dans ce livre, c'est bien son côté beauf du côté du commerce. En fait, je me méfie comme de la peste des auteurs qui prêtent à leur personnage une capacité d'empathie proche du bigorneau, incapables de résilience ou de pardon, en se contentant de bas instincts à la limite de l'extrême droite sans que cela ne paraisse le déranger plus que cela, tant il en rajoute dans la surenchère démagogique permanente. Cette capacité incroyable des intellectuels français à mépriser le pauvre en le dépeignant complètement dépourvu de sentiments humanistes me dépassera toujours. Pourtant, on pardonne assez facilement au roman de ne pas être élevé, tant le prix, lui, ne l'était pas du tout. Mentalité cupide, certes, mais mentalité quand même.