Ce court roman, mais est-ce vraiment un roman, est l'oeuvre d'un conteur qui vient malheureusement de nous quitter. J'ai découvert Ismail Kadaré il y a plusieurs décennies grâce à Michel Lagrée, professeur d'histoire à l'université de Rennes 2.
Je veux rendre hommage par ma critique à ces deux personnes sensibles et attachées à l'âme humaine.
Ismail Kadaré est un conteur et il le prouve encore par ce court conte. En effet, il reprend une ancienne complainte albanaise sur le récit d'une jeune femme revenue au pays grâce à son frère décédé pour en faire une enquête policière atemporelle et intemporelle. Ce frère avait fait la promesse, le Besa, de la ramener si sa mère se languissait d'elle.
Or, ce frère est mort de la peste lors d'un conflit trois ans plus tôt. Tout le travail de l'officier chargé de résoudre l'affaire par les autorité civile et religieuse - le conte se situerait au temps du schisme entres les églises orthodoxe et catholique - est de prouver que ce retour est explicable rationnellement. Or, Ismail Kadaré surprend son lecteur en mettant en exergue la force de la conscience collective face aux institutions, aux lois qui asservissent.
Son oeuvre est une métaphore du peuple albanais qui lutte pour son indépendance face aux appétits de superpuissances. Il souhaite montrer que les Albanais valent mieux qu'un pouvoir autarcique, corrompu...