Dans le dernier texte d'Edouard Louis, une grande et plutôt belle partie rend hommage au père qui n'était pas épargné dans En finir avec Eddy Bellegueule. Certaines pages conjuguent à la fois émotion contenue, dans le récit des souvenirs, puisque il revient sur l'enfance du jeune Edouard-Eddy mais aussi réflexion sociologique pertinente sur la construction de la masculinité. Hélas, le texte, très, trop court, finit dans un réquisitoire à la Zola, type "J'accuse"; qui prétend, avec beaucoup de sérieux condamner les décisions politiques de ses 20 dernières années (et qui met dans le même sac sans aucun discernement déremboursement des médicaments, passage du RMI au RSA et loi travail).
L'auteur semble dans cette démarche chercher avant tout à s'affranchir des critiques qui l'avaient accusé de trahison de classe lors de la sortie de son premier ouvrage. Ses diatribes, si sincères qu'elle soient, sont tellement peu pensées, y compris sur le terrain politique et sociologique (le terme "dominant" revient ainsi à plusieurs reprises comme une évidence), qu'elles n'en sont que grotesques.
Si En finir avec Eddy Bellegueule était si percutant, c'est qu'il avait su être parfaitement juste. Ici, le lecteur est surtout triste d'assister à l'échec littéraire d'un talent prometteur.