C'est un livre qui dit la dureté de la vie.
Qui dit combien le travail abîme, écorche le corps mais aussi combien courber l'échine, se contenter des miettes, nous dépossède de nous-même. Ce livre décrit aussi la honte, celle de ne pas avoir réussi, celle du vaincu. Vaincu par un système, par une société qui ne laisse pas de place ni ne fait de cadeaux à ceux qui naissent du mauvais côté, à ceux qui ne font pas d'études, qui ne sont pas bien nés, aux accidentés de la vie.
Ce livre c'est aussi une histoire de famille. Il dit tout de la pudeur d'un père, empêché de dire ou de faire, entravé par ses sentiments. On ressent la tristesse du fils qui a manqué d'un père, pourtant présent. C'est finalement l'histoire d'un père et d'un fils qui se ratent, ne se comprennent pas et puis, qui - à notre grand soulagement - semblent se retrouver après des années de séparation.
Alors, une fois grandi, une fois compris que le père a subit lui aussi, il y a de la colère du fils devenu adulte, qui s'insurge contre les politiques, contre ces puissants qui ont tant de pouvoir sur ceux qui n'ont rien, sur ceux qui décident de rien. La colère de voir son père abîmé, vieilli de ne pas avoir pu choisir. La colère d'avoir vu son père souffrir. La colère d'être passé à côté de son père, pour des miettes.
Ce livre aurait pu aussi s'appeler : "Qui a volé la vie de mon père ?".
Cette oeuvre ne peut pas laisser insensible quiconque provient d'un milieu populaire. A conseiller pour renforcer encore cette conscience de classe qui doit pouvoir être aussi forte que les blessures et les injustices le sont.