Voici un roman plutôt intéressant et prometteur.
Ce roman de space-opera fourmille de bonnes idées, mais souffre également de quelques défauts (de longueurs, notamment). N'en reste pas moins que pour une première publication, c'est un travail très plaisant qui nous est offert. En témoigne d'ailleurs la sélection de ce roman parmi les 5 finalistes du Prix Imaginales des Bibliothécaires 2021.
Alors de quoi nous parle ce Quitter les Monts d'Automne ?
Et bien il nous conte (et le terme n'est pas anodin), l'histoire de Kaori, une jeune femme qui va, suite au décès de sa grand-mère et seule parente restante, quitter les montagnes dont elle est originaire pour découvrir sa planète natale, Tasai.
Mais sa grand-mère lui a laissé un encombrant fardeau en héritage : un petit rouleau de parchemin soigneusement dissimulé, car sur Tasai, et partout où les Hommes se sont établis, il est interdit de lire et d'écrire.
Et c'est là la première originalité du roman. La planète Tasai est régie par une caste de moines qui contrôle la technologie et en encadre strictement l'usage et la diffusion. Ainsi, même si la planète possède un spatioport et si tous ses habitants connaissent l'existence des navettes spatiales, au quotidien, la population vit dans un monde fort peu, voire pas du tout technologique.
Les scènes décrites rappellent furieusement le Japon de l'ère Edo, le peuplement de Tasai ayant été réalisé par des colons que l'on devine Japonais. On retrouve donc des éléments typiques du Japon : kimono, Onsen, théâtre no... et une tradition et une culture orale, basée sur les conteurs et conteuses seul.es capable de mémoriser les histoires et de les restituer.
Kaori n'est pour sa part qu'une modeste danseuse, et va passer par toute une série de tribulations plus ou moins agréables (et plutôt moins que plus, clairement), jusqu'à trouver des alliés à même de l'aider à décrypter son parchemin.
L'intrigue est intéressante, le personnage de Kaori attachant et l'univers mi japonisant mi technologique très réussi et dépaysant par rapport à un space-opera classique. Cependant, comme précédemment évoqué, le récit compte quelques longueurs au début, avant que Kaori ne quitte Tasai et vers la fin (dont je ne parlerai pas ici évidemment).
De même, les relations entre les personnages sont parfois un peu rapide, en ce sens que leurs rapports évoluent très rapidement, dans un sens ou dans l'autre. Mais c'est de bonne guerre dans une œuvre de fiction, donc passons.
Comme je l'ai déjà dit, Émilie de Querbalec possède une réelle plume qui rend la lecture agréable et son univers très riche et cohérent (même si, pour chipoter, je me demande comment une civilisation spatiale parvient à se passer de la lecture et de l'écriture). Une certaine mélancolie se dégage également du roman, et tout cela est bien plaisant.
Une autrice à suivre donc, et un bon roman.