Quo Vadis, avant d'être un péplum fort intéressant (qui mériterait un nouveau visionnage depuis mes années lycée), est donc un livre sur la chrétienté et la folie de Néron. Littérallement d'ailleurs, puisqu'en dehors de ces deux sujets, c'est le calme plat.
Les qualités littéraires sont indéniables, et il est rare qu'elles provoquent chez moi l'admiration, blasé en général par la surcharge de qualité technique dont font preuves les auteurs "classiques". Pourtant, je ne peux ici que saluer le travail d'écriture, rendant un pavé totalement passionnant et plutôt agréable à lire (quand on ne s'interrompt pas tous les quarts d'heures, ça va de soi)
Sur l'histoire, il est évident que le manichéisme est souvent au rendez-vous, mais cela n'entache pas la lecture, d'autant plus qu'au sujet de Néron, je n'avais pas besoin d'attendre Quo Vadis pour savoir à quel point il était dérangé. (Reste que son rapport à l'art d'un point de vue qualitatif reste flou ; saura-t-on un jour s'il était bon ou non dans la chanson?). Seul l'éventuel glorification de Paul de Tharses, qui demeure à mes yeux un des chrétiens qui méritait le moins de se qualifier ainsi, dessert l'objectivité que l'auteur semble vouloir se donner. Parce qu'Henryk trucbidulovicz est chrétien, et il n'a pas pu s'empêcher de le cacher. Chez des lecteurs comme moi, de la même tradition religieuse donc, cela ne pose qu'un problème mineur tant les références nombreuses sont plutôt banales, mais pour d'autres plus tournés vers l'athéisme, nul doute que le livre peut se montrer indigeste.
Enfin, histoire de rebondir sur les personnages, on regrettera peut-être la niaiserie de certains et la dévotion exacerbée de quelques autres, les poussant à agir fort maladroitement sous nos yeux impuissants.
En dehors de cela, l'histoire d'amour qui sert de fil conducteur réussit à tenir la route, entre un Vinicius désarmant de persévérance et une Lygie moins coincée qu'elle n'y parait...
Mentions honorables à Pétrone, dont les lignes sont souvent les mieux écrites, et à Chilon,
qui mérita 100 fois la mort et trouva quand même le moyen de crever superbement.
Bref, bouquin intemporel dont les talents littéraires et prosélytiques ne sont plus à démontrer