Aubiographie (science-)fictionnelle
Philip K. Dick est un monsieur bien connu pour sa propension à pondre des histoires déroutantes et à construire des univers distordus mettant à rude épreuve la santé mentale de ses personnages. Sauf que cette fois, le monde présenté semble parfaitement réaliste (à première vue en tout cas) et le protagoniste n'est autre que PKD lui-même. Enfin, lui et son meilleur ami fictif, Nicholas Brady.
Radio Libre Albemuth démarre sur un mode autobiographique avant de dériver vers une uchronie de guerre froide dans laquelle un président américain fictif - Ferris F. Fremont - met en place une politique anticommunisme de surveillance de la population, politique contestée par une organisation nébuleuse appelée Aramchek. Ah et j'ai oublié de vous dire que l'ami fictif de Philip K. Dick recevait dans son sommeil des messages en provenance des étoiles... Télépathie extraterrestre ? Propagande d'un satellite communiste ? Connexion avec le divin ? Philip décide en tout cas de soutenir son pote Nicolas dans cette étrange épreuve.
A l'instar de "Coulez mes larmes, dit le policier", ce roman se veut une oeuvre d'anticipation très ancrée dans notre réalité et débarrassée du foutras SF high-tech habituel. On y décèlera une critique acerbe de Nixon et, sans doute, une matérialisation des peurs de l'auteur quant à l'avenir de son pays. Le tout écrit de façon très introspective via deux héros complémentaires : Philip et Nicholas. La conclusion, emprunte d'un profond pessimisme mais aussi d'une certaine poésie, invite à découvrir la fameuse Trilogie Divine dont Radio Libre Albemuth constitue le prélude.
PS : l'adaptation cinématographique ne devrait pas tarder à débarquer...