Au début le style est lourd. La description psychologique des personnages est pesante et l'analyse politique sous-jacente également. L'ouvrage est parfois plein de grandes phrases sentencieuses qui trouveraient facilement leur place dans n'importe quelle dissertation, mais viennent alourdir le récit. Au XXIe siècle cette lenteur et cette austérité nous plaisent moins. On préfère souvent des choses plus cinématographiques.
De fait, la critique politique me semble avoir assez mal vieilli dans l'ensemble. Pas dans le sens où les choses écrites par Soseki ne seraient plus d'actualité, mais plutôt parce que la manière de les dire aurait changé. Il y a malgré tout un chapitre de l'ouvrage qui m'a semblé très bon, lorsque nos deux héros se rendent à un concert de musique classique ce qui correspond grosso-modo au chapitre 4. Le sentiment de malaise que l'on peut ressentir lorsqu'on se retrouve hors de son milieu d'origine est dépeint avec une grande finesse.
Pour le reste, l'intérêt de l'ouvrage est à trouver dans certaines descriptions pleines de délicatesse et parfois surprenantes.
À la fin d'une matinée limpide, le ciel était si limpide qu'à travers les chapeaux on avait l'impression de voir en transparence jusqu'au crâne. (ouverture du chapitre 2).
Peut-être Soseki était-il meilleur poète que romancier.
En résumé : une lecture agréable, mais pas forcément indispensable.