Le roman tourne autour de trois personnages dans le Tokyo de l'ère Meiji. Dôya est un professeur rebelle qui a été chassé de l'université pour ses idées et son insoumission. Il croise la route de deux jeunes hommes que tout opposent. L'un est un garçon brillant et esthète, issue d'une riche famille. L'autre rêve d'écrire un roman mais lutte contre un santé fragile et des idées noires.
Un point historique s'impose d'abord :
L'ère Meiji se situe de 1868 et 1912. C'est une période de grand changement pour le Japon puisque c'est la fin du traditionnel isolement du pays. Les idées et les modes occidentales arrivent. Par exemple l'ancien calendrier lunaire est abandonné au profil du grégorien. Cela s'accompagne d'un grand changement dans le système politique et économique du Japon. Certains privilèges sont abolis et le pouvoir de l'empereur redevient central. C'est aussi l'apparition du yen qui uniformise les échanges. L'enseignement devient obligatoire et des universités impériales sont crées. Le Japon se transforme très vite et voit l'apparition d'un nouveau modèle urbain. Bref c'est à un moment charnière de l'histoire du Japon moderne que l'auteur place son intrigue.
Le point fort de son roman c'est son style fluide et mélancolique. L'automne nous est décrit avec beaucoup de sensibilités et vient faire écho au états d’âme des personnages. On sent le vent froid et la transformation de la nature. On est proche tour à tour de chacun des trois hommes. On est parfois observateur et parfois partie prenante des réflexions de chacun. C'est très agréable et vraiment bien construit.
L'auteur porte un réflexion sur l'homme soumis à un changement brutal de société. La puissance de l'argent prend le pas sur le reste et certains peinent à y trouver leur place. On voit Dôya, notamment, tenter de continuer à vivre selon ses convictions, au risque de se marginaliser. On sent un révolte et une inquiétude face à ces changements. Les idées défendues sur la jeunesse et la difficulté à trouver sa place dans ce nouveau monde sont très pertinentes.
Mais je n'ai pas été emballée par cette lecture pour plusieurs raisons. Déjà il y a plusieurs remarques sexistes et je n'ai pas réussi à savoir si c'était le point de vue des personnages ou celui de l'auteur. Cette ambiguïté est gênante je trouve... L'autre souci c'est que je pense être passé a côté de certaines des thèses défendues. Comme je l'ai dit, je manque de références en culture et histoire japonaise, j'ai senti que cela gênait parfois ma compréhension. Mais si vous êtes passionné de Japon vous n'aurez sûrement pas ce problème. Enfin j'ai été très déçue par la fin qui m'a laissée sur ma fin et qui ne m'a pas permis de répondre à toutes mes questions.
J'ai passé un bon moment de lecture mais qui ne restera pas longtemps dans ma mémoire je pense...