Livre pour enfants pas gna-gna-débile.
Ranelot et Bufolet est un classique de la littérature enfantine américaine, écrit par Arnold Lobel en 1970.
La traduction française est de grande qualité, car à l'époque l'usage était encore de payer des traducteurs correctement au lieu de les faire usiner pour une bouchée de pain, de tout torcher pour se faire un maximum de marge.
Rien que la traduction du titre, qui était Frog and Toad are Friends, témoigne de l'effort de fidélité à l'esprit et au style : plutôt que de coller bêtement au français qui ne restituait pas l'original, le traducteur a opté pour une francisation d'emprunts au latin, langue familière à tous, même au non initié, et qui donne aux mots un mystérieux air de déjà vu.
La traduction et l'adaptation française restituent parfaitement l'univers de ce livre, illustré avec une belle sensibilité.
5 aventurettes retracent le quotidien de Ranelot et Bufolet. L'une d'elle, par ex., est celle du Bouton perdu. Ranelot (on va dire) perd un bouton de sa veste et s'emploie à le rechercher avec Bufolet. Ils demandent partout si on n'a pas vu leur bouton, à quoi différents animaux répondent que oui et leur donnent le bouton trouvé. Mais ce n'est jamais celui de Ranelot, qui s'énerve et rentre chez lui... pour y découvrir le bouton fugueur. Les deux amis (ou parents) décident de coudre tous les boutons trouvés sur la veste de Ranelot.
Toutes les historiettes sont du même crû, typique des années 70, les personnages sont dans l'état contemplatif des petits enfants et curieux de l'environnement (pas employés à faire des cucugnateries, par ex.), avec l'indépendance d'action des adultes. La moindre broutille est une aventure, tout à de l'intérêt pour ces personnages qui découvrent le monde (pas comme le mime Marceau, hein), mais peuvent être contrariés comme des adultes par l'adversité (perdre un fichu bouton et trépigner).
Les illustrations sont très belles, très anglo-saxonnes aussi, avec une palette délicate, presque terne et pourtant lumineuse, une végétation automnale d'une grande douceur. Et la tête de ces batraciens et leur allure ! On ne finit pas d'observer les traits de ces drôles de personnages, qui s'installent dans la mémoire comme dans leur maison, comme des amis.
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