Utopie ou Dystopie ?
Ce roman divise, ce n'est pas peu dire. Il suffit pour cela de lire les nombreuses critiques présentes ici pour s'en apercevoir ! J'ai l'impression que la question à se poser sur ce roman est :...
Par
le 18 oct. 2013
62 j'aime
5
Écrite en 1942, l’oeuvre de René Barjavel introduit la pure littérature de science-fiction en France. Une littérature d’un genre intéressant, qui peut se différencier de celles de P.K. Dick dans ses nouvelles des années 1950. À mes yeux, l’Oeuvre de Barjavel est bien plus littéraire et moraliste. Littéraire car c’est avec des mots bien choisis d’une description omniprésente que l’auteur nous livre un univers futuriste incroyable qui va connaître une catastrophe.
En 2052, la société parisienne est arrivée à une perfection de fonctionnement sans égale. Celle-ci réside dans un lien profond entre les objets reposant sur une harmonie invisible grâce à l’électricité. Mais ce cosmos est remis en question lorsqu’il y a une panne générale d'électricité mettant la ville à feu et à sang. Pour François et des amis, il n’y a plus qu’une solution : fuir dans les campagnes.
Ce chef d’oeuvre est un roman qui va loin, surtout pour son époque. La dimension post-apocalyptique est bien vivante et bouscule notre sens et notre imagination. Le roman va même de plus en plus loin en véhiculant des idéologies et théories sur lesquelles les hommes ont bâti leur monde. Comme un retour à la Préhistoire, à mesure que le futur disparaît. De la théorie perfectionnée aux pratiques les plus primaires, le roman nous fait suivre des humains qui vont tout connaitre. Passant d’une situation idyllique à une destruction infernale : le roman raconte une chute. Un questionnement des idées. La psychologie a été travaillée intensément pour que l’on soit aussi remué que les protagonistes. C’est un livre d’anthropologue.
Ils vont remettre en question l'humanité et surtout leur humanité. Perdre toute civilité. Il s’agit d’un voyage initiatique à la rencontre de l'effroyable inconnu dans lequel le danger est partout. La violence est parfois présente, il est clair que l’on s'attend à rien de tel !
On pourrait reprocher une insistance assez marquée sur une vie simple aux valeurs dicutables (famille, fin du progrès, polygamie) mais ce roman est un tout à apprécier avec ses répétitions qui n’ont rien de banal !
Mais le livre, très bien écrit, accueille des passages somptueux avec des descriptions paysagères et des passages plus violents. Un roman saisissant en avance sur son temps qui bouscule nos émotions et qui étouffe à mesure que la chaleur entoure le lecteur.
"Le jeune homme devint livide. Il fit un geste pour repousser l'arme, mais, devant le regard de François, se reprit, empoigna le manche, essuya d'une main la sueur qui lui perlait au front, et se dirigea vers la pièce oł les prisonniers ficelés, les blessés et les morts gisaient sur les matelas.
Une gerbe de hurlements s'éleva derrière la cloison. Des chocs sourds coupèrent net un cri, puis un autre. Un autre coup sonna, une autre voix se tut. La dernière filait une note suraiguė, sous la pression de l'épouvante. Un coup de hache la trancha net. Un silence définitif s'établit. La porte s'ouvrit lentement. La silhouette trapue de Martin parut. La hache lui pendait au bout du bras. Il regardait ses compagnons d'un regard fixe, halluciné."
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Créée
le 1 nov. 2016
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