Un seul et unique mot en guise d'accroche!
Et comme tout amateur qui se respecte je savais en gros de quoi l’ouvrage allait parler, ou du moins à quoi il faisait référence. Mais je n’y croyais pas !
Puis la découverte de la couverture fut comme la célébration anticipée d’un excellent moment de lecture à venir.
Le mot et l’image, ensemble s’était comme un irrésistible appeau à nostalgique.
Mais pourquoi donc ce mot « Redshirt » m’a-t-il mit dans tout mes états ?
Redshirts est un gimmick (une astuce, littéraire ici) renvoyant à la série Star Trek The Original Série, diffusée dès la fin des années 60 aux USA, et bien plus tard chez nous; il désigne les membres d’équipages dont le haut de l’uniforme était de couleur rouge, et destinés à mourir quasi systématiquement afin d’augmenter l’intensité dramatique de l’épisode.
Ce terme défini par la communauté des fans de l’époque, est devenu une référence commune à nombre d'univers fictifs. Ainsi des séries animées telles que South Park, les Simpsons, Futurama, y font références, des films comme Galaxy Quest y rendent hommages, des séries TV comme The Big Bang Theory s’en font souvent l’écho.
Le Redshirt, quelque soit l’univers dans lequel il est utilisé et sa forme, c’est le type sans nom, ni grade, qui crève et qui est remplaçable!
Alors de quoi donc allait parler ce, roman ?
Le XXVè siècle, dans l’espace de L’Union Universelle, Andrew Dahl se voit affecté à l’Intrépide, vaisseau amiral de la Flotte, commandé par le téméraire Commandant Abernathy, secondé dans sa tache par le stoïque officier scientifique R’hwa, et l’increvable lieutenant Kerensky.
L’analogie est forcée, tout dans le quatrième de couverture renvoie à la série Star Trek, une Fédération spatiale, un pseudo Kirk, un pseudo Spock, le schéma d'emprunt du roman se voit venir de loin, aussi discret qu’un fan de Star Trek dans une convention.
C’est à force d’-oui-dire, de missions sur lieu alors qu’il n’est qu’un enseigne de laboratoire en xénobiologie, d’utilisations d’un artefact mystérieux et illogique pour résoudre en dernier recours une situation sans solution, que Dhal va commencer à se poser de légitimes questions.
A la fois sur la fréquence anormalement élevée du nombre de morts (si particulièrement horribles et absurdes qu’elles en deviennent drôles) en mission, que sur le taux de survie, la santé mentale et les changements d’attitudes, quasi théâtraux, des officiers de commandement.
Il semble en plus que l’équipage pratique la rétention d’informations, voir une forme d’ostracisme à l’égard des nouveaux venus.
Que se trame-t-il donc ici, quelle comédie profondément dramatique se joue sur le fleuron de l’UU, décime la jeune fine-fleur de la Flotte, et fait agir avec une étrangeté teinté de surréel, comme si une caméra se concentrait autour de leurs personnes, ce petit groupe d’officiers. Dans quel Univers absurde Dhal et sa bande d'inquiets existentiels naviguent-ils donc, mais surtout vont-ils pouvoir reprendre leur existence en main, afin d'éviter de mourir ridiculement lors de la prochaine expédition débile sur une planète de Vampires gazeux suceurs de moelles.
Scalzi nous délivre une histoire plutôt bien écrite, ou le récit des évènements se fait avec humour, tout le temps. Même si les faits qui se déroulent sur l’Intrépide sont sérieux, ils sont par trop teintés d’absurde et d'improbable, si bien que l’on dirait qu’une intention se cache derrière.
Et c’est une mise en abyme assez inattendue qui va relancer l’intrigue d‘une brillante manière.
Roman drôle, intelligent, et haletant, Redshirts est aussi un grand cri d’amour, un bel hommage à cet univers phare de la S-F qui n’a jamais su véritablement trouver son public en France: Star Trek. S’il ne vous sera pas nécessaire pour apprécier sa lecture d’avoir des connaissances pointues sur cet univers, vous pourrez, dans le cas contraire, vous régaler de toutes les références et clins d’œil qui y sont dispersés, y compris dès les remerciements.
Assurément un réjouissant moment de lecture.