Voilà ce que disais Élisée Reclus lorsqu'il parlait de notre espèce : c'est la nature qui prend conscience d'elle-même. Mais il semblerait que cette conscience se réveille bien tard, et Greta Thunberg est un élément de cet éveil. Elle n'a pas choisi d'être mise en avant et ne cherche pas la gloire, elle ne demande même pas à être écoutée, mais qu'on écoute ce que disent les climatologues à propos du réchauffement.
Ce court texte est accusateur pour les générations précédentes et actuelles de dirigeants. L'urgence que Greta Thunberg souligne ne permet pas d'espérer que la génération qui prendra la relève changera la donne : il est trop tard, c'est maintenant qu'il faut agir. Cette lucidité est admirable car en réalité, on explique aux jeunes générations depuis au moins les années 1970 qu'il faudra qu'ils soient plus responsables que leurs parents : lors des marées noires, on a poussé les jeunes à ramasser les boulettes de pétrole pour les sensibiliser, mais ce ne sont pas ces jeunes pleins de bonne volonté qui ont dirigé le monde ensuite, ce sont les ambitieux et les cyniques.
Alors il est nécessaire de mettre fin à ce système destructeur. Greta Thunberg semble hésiter pour qualifier ou non son message de politique, ce qui est sûr, c'est qu'elle refuse d'être partisane et politicienne. Mais c'est bien une lutte politique que les jeunes mènent pour le climat. Le système de croissance qui a détruit le climat porte un nom : le capitalisme, une décroissance équitable nécessite un autre système de production et une distribution plus juste.
Ce petit texte n'entre pas dans ces débats idéologiques, mais il me semble que c'est là qu'on pourra traiter le problème à la racine. La conscience est bien là, le temps de la réflexion n'est jamais du temps perdu, mais agir est nécessaire dès maintenant pour arrêter la logique destructrice de notre société. C'est sur ce dernier point que Greta Thunberg insiste dans cette puissante petite brochure.