Avant l'aube
Plus on avance dans le livre, plus Simon s'éloigne de nous au travers de silhouettes habilement décrites et rendues vivantes par Maylis de Kerangal. Mais, paradoxalement, plus on s'en approche...
Par
le 17 févr. 2014
23 j'aime
8
Simon, jeune surfer plein de vie vient d'être victime d'un accident de la route au retour d'une session de surf. Ses deux amis avaient leur ceinture de sécurité, pas lui. Très vite il est transporté aux urgences de l'hôpital du Havre. Il est pris en charge par l'unité de réanimation du docteur Révol. Les premières constatations ne sont pas engageantes, la mort semble inéluctable.
Les parents de Simon sont appelés . Marianne, la mère de Simon arrive à l'hôpital, Révol lui annonce la terrible nouvelle en prenant son temps, il laisse à Marianne le temps de prendre conscience de ce qu'il lui annonce. Il reste quelques examens à faire avant de déclarer Simon mort. En attendant son mari, Marianne se rend dans un café ou celui-ci la rejoint.
Sean, le père de Simon est lui aussi dévasté par la nouvelle. De nouveau ils se rendent à l'hôpital ou la mort cérébrale de Simon leur est annoncée. Depuis 1959, la définition de la mort a changé. Avant cette date la moment de la mort correspondait à l'arrêt du coeur, depuis, c'est l'arrêt des fonctions cérébrales qui en est le signe.
Thomas Rémige, infirmier coordinateur des prélèvements d'organes est présenté à Marianne et Sean. Simon est un excellent candidat pour le don d'organes. Simon avait il un avis concernant le don d'organes, avait il réfléchi à la question? Les parents n'ont pas de réponse à ces questions et à la peine qui les accable s'ajoute la difficile question du don d'organe. D'abord opposés à ce que leur fils soit dépouillé de ses organes, ils acceptent finalement. Le foie, les reins, les poumons et le coeur de Simon pourront être prélevés mais pas ses yeux.
Le coeur est au centre de ce roman. Cette pompe qui pulse le sang et l'oxygène dans tout notre corps, ce moteur qui nous permet de vivre n'est pas seulement une pièce mécanique. ll est considéré comme le réceptacle des sentiments, des affects, il est "à la fois mécanique de pointe et opérateur d'imaginaire surpuissant".
La logistique pour le prélèvement se met en place. Marianne et Simon rentre chez eux et annoncent la nouvelle à leur fille Lou. Ile décident aussi d'appeler Juliette la petite amie de Simon. Marianne se pose des questions :"Que deviendra l'amour de Juliette une fois que le coeur de Simon recommencera de battre dans un corps inconnu, que deviendra tout ce qui emplissait ce coeur, ses affects lentement déposés en strates depuis le premier jour ou inoculés çà et là dans un élan d'enthousiasme ou un accès de colère, ses amitiés et ses aversions, ses rancunes, sa véhémence,ses inclinations graves et tendres? Que deviendront les salves électriques qui creusaient si fort son coeur quand s'avançait la vague? Qu deviendra ce coeur débordant, plein, trop plein, ce coeur full?"
Le coeur de Simon est attribué à Claire Méjan, une femme d'une cinquantaine d'années. Pour elle non plus la greffe cardiaque ne pas pas de soi. Elle en a besoin pour vivre mais elle aussi se pose des questions "Elle a parfois la sensation de substituer aux contractions pénibles de son organe malade un va et vient fluide entre le français de sa naissance et l'anglais qu'elle a appris et que ce mouvement rotatif creuse en elle une anfractuosité en forme de berceau, une cavité nouvelle, il avait fallu qu'elle apprenne une autre langue pour connaître la sienne, aussi se demandait-elle si cet autre coeur lui permettrait de se connaître encore"
Réparer les vivants est une description exhaustive et d'une précision chirurgicale de tout le processus qui part de la mort d'un individu pour se terminer par la renaissance d'un autre. Une description froide et scientifique. C'est aussi un questionnement sur le coeur cet organe si imporant non seulement physiologiquement mais aussi dans l'imaginaire populaire. L'humanité de Thomas sRémige contrebalançant la froide rigueur des chirurgiens. Un roman coup de coeur servi par une plume précise, le lecteur se retrouve au coeur de l'action.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 18 avr. 2015
Critique lue 1K fois
1 j'aime
D'autres avis sur Réparer les vivants
Plus on avance dans le livre, plus Simon s'éloigne de nous au travers de silhouettes habilement décrites et rendues vivantes par Maylis de Kerangal. Mais, paradoxalement, plus on s'en approche...
Par
le 17 févr. 2014
23 j'aime
8
Simon est un jeune havrais de 19 ans. Passionné de surf, il n’hésite pas à se lever bien avant l’aube en ce matin de janvier pour aller rejoindre, avec deux amis, le littoral du Pays de Caux. Au menu...
Par
le 17 juin 2014
22 j'aime
9
J'avais vraiment très envie de lire Réparer les vivants. Le pitch me plaisait beaucoup, et j'ai immédiatement accroché au titre, que je trouve très beau. Je sors de ce livre plutôt confuse, mon...
Par
le 19 mars 2014
15 j'aime
6
Du même critique
Simon, jeune surfer plein de vie vient d'être victime d'un accident de la route au retour d'une session de surf. Ses deux amis avaient leur ceinture de sécurité, pas lui. Très vite il est transporté...
Par
le 18 avr. 2015
1 j'aime
Le livre commence en avril 1956 en Algérie. Leila vit avec sa famille dans un quartier où les Français sont majoritaires. Ses amies sont françaises, Leila et ses soeurs partagent leurs occupations...
Par
le 4 mai 2015
Une nuit, c'est la durée du trajet en avion entre La Havane à Cuba et Paris. Une nuit tant attendue pour un changement de vie. Anisia, la narratrice de ce court récit vit sous la dictature de Castro...
Par
le 22 avr. 2015