Asli Erdogan, Requiem pour une ville perdue ou l’amour de la solitude
Un texte fort, puissant et authentique, sorte de mythologie autobiographique féminine , emprunt de souvenirs sensibles, interrogeant la mémoire collective et le statut de la femme en Turquie. Une écriture dense, riche, intime, une universalité du langage, de l’écriture.
Extrait qui a retenu particulièrement mon attention et ma sensibilité:
“ Le soir des mots. Obéissant à l’appel de la lune, l’océan se retire, laissant derrière lui sa face turbide et nue. Les galets, les algues pourrissantes, les coquilles vides, mortes ou vives encore, se prennent dans les filets du temps…maigres racines de l’existence, arrachées à la mémoire peuplée de ruines, épandues sur un rivage désert. Ouvert, inconcevable, à la merci du vent…Après l’implacable déluge, un déluge qui draine tous les récits, noms et couleurs ne restent plus que les formes que la vie a prestement quittées.”