A priori, personne n’en voulait à Maggie Somerville. Un train de vie agréable, des rapports de voisinages très cordiaux, c’était une femme plutôt discrète et sans histoires. Qui l’a négociée et pourquoi, questions classiques, mais qui a bien pu élaborer une telle mise en scène ? Il faut avoir l’esprit sacrément tordu pour ensevelir la victime et tout ce qui l’entoure sous des kilos de poussière.
Démunie, la police fait appel à Nils « Shap » Shapiro, privé de son état, dont la carrière de flic a été tuée dans l’œuf. Le personnage est excellent et porte l’intrigue à lui tout seul. C’est bien là le problème : on suit tellement sa vie amoureuse et ses déboires qu’on n’en oublie parfois pourquoi on est là. Entre l’ex qu’il refuse d’oublier et ses multiples rencontres (sous son cynisme affirmé, monsieur est un bon vivant), l’enquête passe au second plan. La fin à la Scoubidou (j’ai des références) m’a laissée perplexe. Vous savez, ce dénouement granguignolesque où Fred démasque littéralement le coupable grâce aux savantes théories de Vera-la-geek. Je force le trait, mais la chute m’a donné l’impression d’être un choix par dépit.
Retour à la poussière reste agréable à lire, surtout pour son héros. Son effronterie face au FBI qui marche sur ses plates-bandes est jubilatoire, et le contraste avec le très effacé Ellegaard, qui voudrait faire le job proprement, fait souvent sourire. Maintenant que les présentations sont faites, j’espère retrouver Shapiro dans une nouvelle enquête, plus consistante et sans trop de digressions.