"Rêves de femmes, une enfance au harem" (1998), de Fatima Mernissi, n’est pas un essai. Toute les questions relatives à la notion de harem sont disséminées au fil des chapitres et émergent ponctuellement au rythme des expériences de la narratrice âgée de… 7 ans !
Le choix de l’autrice d’adopter le regard d’une enfant de sexe féminin pour questionner le harem est particulièrement judicieux pour deux raisons. La première tient au fait que cela lui permet d’user d’un regard naïf lui permettant de pointer du doigt les incohérences et les injustices de cette organisation et ainsi prôner l’émancipation et la modernité. La seconde se rapporte à sa capacité à magnifier le quotidien de ces femmes ayant vécu dans un univers clos. En évoquant l’intensité investie dans chaque évènement collectif, que ce soit la représentation de théâtre familiale ou la sortie au hamam, mais aussi l’intérêt porté aux contes des mille et unes nuits ou aux chanteuses égyptiennes, ou les espoirs formulés du bout des lèvres, sur les hautes terrasses, les yeux levés au ciel, ce livre dresse un portrait plein de finesse et de poésie de ces femmes contraintes de passer leur vie entre quatre murs. Comme en témoigne mon envie irrépressible de vous partager la richesse de cet ouvrage, j’ai personnellement beaucoup aimé !
À noter que bien qu’inspiré du vécu de l’autrice, cet ouvrage n’est pas une autobiographie mais une fiction. Fatima Mernissi précise d’ailleurs avec humour, dans ses notes ô combien complètes, qu’en comparaison de ce récit, son enfance au harem fut « plate et prodigieusement ennuyeuse » !