Je lis peu, et encore moins de lecture féministe. Pourquoi ? J'en sais rien, la lecture n'a jamais été mon fort.
J'avais réussi à dévorer "Nouvelles du Sud" de Bukowski car la laideur et la grossièreté me rappelle mon enfance dans les Landes, véritable far west délirant.
Mais bref, j'ai pris ce livre car je me posais des questions sur la manière dont l'amour se construit aujourd'hui, en particulier chez les personnes hétérosexuelles (parce que je le suis) et parce que c'est un sujet que j'ai fréquemment entendu dans mon cercle.
Si Coral H. Gomez est doctorante, ce livre est surtout à prendre comme un petit remonte-moral, enfin, il n'est pas question d'approfondir le sujet en question de la démythification du romantisme mais plutôt de donner quelque conseil pour s'en sortir face au patriarcat et au capitalisme de l'amour.
Ce que je n'ai pas aimé :
- Pour 17 euros, je m'attendais à quelque chose de plus sophistiqué ou dans tout les cas, quelque chose qui dépasse un certain shéma dialectique. Non parce qu'on peut lire le mot patriarcat un nombre incalculable de fois, et à la fin, j'ai l'impression que ça ne veut plus rien dire.
Bref, je trouve que c'est un peu "easy way" de ranger le romantisme dans une case et hop, on en parle plus, faut changer la méthode ; next.
J'aurais préféré comprendre déjà de une : 1. En quoi le romantisme est-il une construction strictement capitaliste et patriarcale ? (j'aime faire la novice et je veux, dans un bouquin, avoir une partie historique, des références, des exemples. Je donne l'exemple de "L'origine du monde- Liv Stromquist" qui est pourtant une bd mais très bien référencée) 2. Ok alors admettons que le romantisme pousse littéralement à la violence conjuguale, alors que faire ? (réponse : on s'aime, nous entre femmes et peace and love). Ok je réduis un peu ses propos, car ils sont bienveillants et encourageant mais ça se répète à chaque chapitre et c'est assez embêtant pour moi en tout cas.
Une autre chose que je trouve flagrante, bien que je sois d'accord sur le fait que le romantisme est une sorte d'invention occidentale qui compartimente les hommes et les femmes dans des cases à penser ou à agir et les programmes pour développer tel ou telle réactions mais en fait : il y a l'effet de la vie. Des fuites, des erreurs de calculs, des contradictions, de l'absurdité en absurdie. Ce que je veux dire c'est que nous ne pouvons jamais répondre à un conditionnement de manière totale. Il y a toujours des failles dans ce système et c'est ce que je trouve de beau et la fiction ou l'essai devrait pouvoir souligner l'importance de ces errances sociales et affectives. Je donne un exemple : je termine ce livre dans le train qui m'amène chez mes parents. Mes parents sont un couple traditionnel à priori, ils ont 40 de mariage, mon père bricole, ma mère fait les papiers, il est dominant, elle est soumise... Bref voilà ce qu'on pourrait observer à première fois. Et puis, il y a la réalité, lorsque l'image ou le propos dépasse l'homme ou la femme ou n'importe quel humain.
Mon père m'a donné les meilleurs conseils que l'on ne m'a jamais donné cette année, sur mon couple. "Ma fille quand on fais cavalier seul, on finis seul, si tu veux aimer, alors regarde les autres". Bref, je retranscris à peu près le concept. Et c'est absolument bête comme phrase, mais ça n'a pas de prix que de voir son père et sa mère nous enseigner comment, malgré tout, rester amoureux et ensemble pendant des années. Et ça reste le propos du livre quelque part : le partenariat. La clée de voute à toute cette histoire c'est la confiance, et l'auteure à raison : l'humain moderne faillit à gérer ses émotions. Nous sommes préhistorique sur l'affectif et la communication, d'où en effet, les guerres, le passionnel "violent", les suicides, les divorces, et tout le tralala.
Je vois que beaucoup de questions émergent sur l'orientation sexuelle, et que l'hétérosexualité serait presque "anormale" ou trop associée à un conditionnement capitaliste. J'aimerais simplement que l'on ne se remette pas à compartimenter les relations, et qu'on laisse la liberté aux humains d'aimer, peu importe qui et la manière. Que peut-on y faire ? Y a t'il une orientation qui prime ? Un genre ?
Un discours ? Aujourd'hui tout est si noir si blanc, surtout dans les extrêmes mais je pourrais aussi commencer à le reprocher à des idées que j'apprécie habituellement.
Et j'ai parfois un soucis avec "la gauche" qui se réclame principalement de ses idées, parce qu'elle souhaite incarner un idéal éthique et c'est parfois dans cette quête complète d'idéal que se trouve les contradictions les plus dures à accepter. Celles qui n'aurait pas du existé mais qui sont bien là. Et à l'image de la présidentielle, la gauche s'entasse en plusieurs compartiment mais aucune ne communique réellement ensemble.
Donc pour en revenir au livre, je trouve dommage parfois de vouloir tout mettre dans un sac et de ne pas approfondir. Bon et peut-être que j'aime bien ce qui est disruptif, cracra, ou violent, enfin lorsque c'est de la fiction bien entendu. Si c'est dans la vie réelle, ça ne me plairait pas. Mais quelque part, la vie est un danger, nous ne sommes pas censés faire tout ce bazar, mais nous le faisons donc c'est bien réel. Mais nous n'avons plus de prédateurs au dessus de nous, il a fallu hiérarchiser les sociétés et créer des proies par nos femmes et nos hommes (principalement eux désolée), toujours peut-être pour garder et perpétuer l'instinct de chasseur propre à l'humain ?
Je me dis parfois que nous ne cesserons jamais d'être violent et "inhumain". Sans ce rouage, nous ne saurions pas comment repenser nos actes. L'histoire pourrait nous servir à changer, mais on voit bien que ça ne marche pas. L'histoire, elle se répète et se répètera. Mais je me dis parfois "Merde on a un cerveau, pourquoi ne pas s'en servir pour faire le bien ?".
Le romantisme ? J'en suis fan ; j'aime l'amour, les fantasmes, les sérénades, les lettres, les chansons douloureuses ou élégantes, les expériences d'un soir ou les expériences d'une vie, les vertiges, les palpitations, mais aussi l'ennui, les labeurs, l'impatience, les désillusions et parfois les déceptions qui détruisent. C'est la chose la plus naturelle que l'on puisse expérimenter et la plus "gratuite" (sauf si on décidé d'acheter de l'amour pour un quart d'heure à une nuit). Et, en tant que nana, oui, j'offre des fleurs à mon homme, je l'invite au restaurant, je pourrais lui dédier une chanson (même en étant mauvaise) et caetera. On devrait tous pouvoir faire ce qu'il nous plait.
Mais bien entendu, et grand malheureusement, nous sommes toustes sacrément individualistes. Combien d'humains souffrent du manque d'amour ? Des milliards!
Alors comment voulez vous que l'on s'entende ensemble ?