Issue d’une branche pauvre et oubliée, poussée en 1870 sur l’arbre généalogique d’une riche et peu scrupuleuse famille d’industriels, la narratrice décide de donner un coup de pouce au destin pour se retrouver seule héritière.
Navigant constamment de 1870 à aujourd’hui dans un rapprochement assez noir entre la société inégalitaire du XIXe et les fractures sociales du XXIe siècle, le texte donne vie à des personnages forts qui ne font pas dans la demi-mesure, et bouscule le lecteur par l’impertinence pleine d’humour d’un texte au vitriol aux accents parfois anarchistes.
Le résultat est un mélange détonnant et parfois surprenant, menant du siège de Paris par les Prussiens en 1870 et des idéaux de la Commune, du tirage au sort des conscrits au XIXe siècle et de la pratique de l’achat de remplaçants militaires, à la communauté expérimentale d’Auroville en Inde, au méroxage en pleine mer et au déversement de déchets toxiques en Afrique, en passant par un certain matriarcat breton et par une critique politique de l’art contemporain. L’ensemble témoigne d’un désespoir à voir changer une société confrontée aux problèmes sociaux et environnementaux, mais figée dans un schéma où seul l’argent est roi.
Au-delà de ses thèses politiques qui ne pourront plaire à tout le monde, ce roman incisif et provocateur à l’humour ravageur témoigne des questionnements d’une société contemporaine confrontée à des défis majeurs, et qui aime de plus en plus souvent caresser l’idée d’un monde « d’après ». J’ai pris plaisir à le lire comme une vaste caricature de notre actualité.
https://leslecturesdecannetille.blogspot.com